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institutions comme ses mœurs placent au premier rang les occupations et les travaux de la paix. Peut-être sous un souverain mineur, le conseil de régence ne s’est-il pas senti une autorité suffisante pour entreprendre la transformation de l’armée.

L’exposition nous laisserait absolument sans notions sur l’art chinois, si elle n’avait pas à produire certains échantillons de porcelaine. Elle en montre de fort beaux, mais qui se rapprochent pourtant de ce que l’on voit depuis longtemps dans les étalages parisiens. On sait que la fabrication de la porcelaine est dans le Céleste-Empire un art indigène. L’empereur Houang-ti, qui vivait 2,700 ans avant notre ère, inventa, disent les historiens chinois, la poterie et la brique : la faïence et la porcelaine vinrent plus tard ; mais déjà sous la dynastie des Tsin (IIIe siècle après Jésus-Christ) la céramique avait atteint la perfection en cette partie de l’Orient. Aussi la porcelaine chinoise a-t-elle presque une valeur historique. Les diverses dynasties qui se succédèrent sur le trône adoptèrent chacune plus spécialement certaines couleurs. On pourrait suivre, sur les peintures de ces vieilles porcelaines, les insensibles variations du costume et des mœurs domestiques dans une durée de douze ou quinze siècles ; malheureusement les échantillons archaïques, très recherchés dans le pays, sont fort rares. Il en existe en Chine quelques collections à peu près complètes, dit-on, mais qu’on n’a pas encore pu étudier. On les imite aujourd’hui à Canton ; des fabriques spéciales en font l’objet d’un grand débit.

La porcelaine peinte ne donne guère idée que de l’art décoratif, tel qu’il est entendu en Chine. Les écrans peints ou brodés étalés à l’exposition ne sont pas plus instructifs que les porcelaines. La Chine a pourtant ses peintres, qui abordent non-seulement les dessins coloriés sur papier de riz ou de soie, si connus en Europe, mais aussi le paysage et le portrait. Il n’y a rien à l’exposition qui permette d’apprécier leur talent et leurs procédés. La sculpture fait également défaut : nous voyons bien quelques figurines d’ivoire ou de jade, quelques statuettes de diverses matières, des bois sculptés et fouillés avec beaucoup de délicatesse ; mais on cherche en vain quelqu’une de ces grandes pièces exécutées en marbre dont on a souvent parlé avec éloge. On vante certaines colonnes de marbre, les ornemens sculptés sur la toiture de quelques temples ou de quelques palais, les balustrades de marbre qui décorent à Pékin le pont situé à l’entrée du palais impérial, les statues de grands animaux qui bordent l’avenue conduisant aux tombeaux de la dynastie des Ming, les revêtemens de marbre qui couvrent les murs des temples du Ciel et de la Terre à Pékin, enfin les tables de marbre fabriquées dans le Yunam ; mais l’exposition ne nous fait connaître