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galvanique. Un poids suspendu à ce levier sert à donner au muscle la tension convenable. Tout est disposé de manière qu’au moment où le courant se ferme une secousse se produise, soit directement dans le muscle, soit en un point donné d’un nerf qui a été isolé sur une longueur de 4 à 5 centimètres, et qui adhère encore par un bout au muscle qu’il doit animer. Sous l’influence de cette excitation, le muscle se contracte, fait mouvoir le levier, et interrompt le courant électrique qui traversait ce dernier. Le temps pendant lequel le courant a circulé est indiqué par l’aiguille aimantée. On trouve alors que la contraction arrive plus tard quand on a excité le nerf que lorsqu’on a excité directement le muscle ; la différence fait connaître la vitesse de transmission de l’agent nerveux ; elle a été trouvée égale à 26 mètres par seconde. En outre M. Helmholtz a constaté que, dans tous les cas, la contraction ne suit la secousse électrique qu’au bout d’un temps qui est égal à 1 centième de seconde, ce qu’il appelle le temps d’excitation latente. Les fibres musculaires n’obéissent donc pas instantanément à l’aiguillon de l’électricité. C’est ainsi que les eaux de la mer ne se soulèvent sous l’influence de l’attraction que la lune exerce sur elles que lorsque cet astre est déjà loin du méridien.

Après ces belles expériences, qui avaient pour la première fois fait connaître comment se propage une excitation dans les nerfs, M. Helmholtz imagina une autre méthode, qui permet d’analyser le phénomène jusque dans ses moindres détails. Ici encore le muscle soulève, en se contractant, un levier mobile ; mais ce levier porte une pointe qui laisse une trace blanche sur un cylindre tournant, couvert de noir de fumée. Une disposition particulière fait marquer par la même pointe l’instant où se produit l’excitation ; depuis cet instant jusqu’au moment Où la contraction commence, la pointe trace une ligne droite dans le noir de fumée. Lorsqu’ensuite elle est soulevée par la tension du muscle, elle dessine une courbe dont l’aspect fait immédiatement voir toutes les différentes phases du mouvement de contraction. Par ce moyen, M. Helmholtz a trouvé que la vitesse du courant nerveux était de 27 mètres. Il a de plus constaté que la tension des muscles augmente graduellement depuis l’instant où le mouvement commence, qu’elle atteint un maximum après environ 5 centièmes de seconde pour décroître ensuite de nouveau jusqu’à ce que le muscle soit revenu à son état naturel.

Le second appareil de M. Helmholtz a reçu le nom de myographe. Il a été perfectionné ou plutôt modifié par plusieurs physiologistes. La grande difficulté était de mesurer exactement le temps correspondant aux différens points du tracé que la pointe exécute sur le cylindre. M. Helmholtz faisait mouvoir le cylindre de son appareil par un rouage d’horlogerie qui indiquait à vue la durée de la rotation. Ce moyen a été remplacé avec avantage par l’emploi du diapason. M. le docteur Marey, dans son cours de physiologie médicale, s’est servi à cet effet d’un diapason qui faisait 500 vibrations simples par seconde ; ces vibrations