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kilomètres, et le professeur Franklin Bache, dont la science déplore la perte récente, put calculer en conséquence la vitesse des ondes et la surface de l’océan à travers lequel elles s’étaient propagées ; cette profondeur est en moyenne de 4,285 mètres. D’ailleurs les divers sondages authentiques exécutés dans le bassin septentrional du Pacifique, entre la Californie et les îles Sandwich, confirment ce résultat du calcul, puisqu’ils indiquent des fonds variant de 3,600 à 4,700 mètres. Non loin de la côte de la Californie, le sondage le plus profond qui ait encore apporté des échantillons de sol sous-marin a marqué 4,940 mètres. A l’est des Philippines, un autre sondage isolé donne 5,975 mètres ; enfin, entre le Pacifique et la mer des Indes, le capitaine Ringgold aurait, dit-on, trouvé le fond à plus de 14 kilomètres au-dessous de la surface. Ainsi l’on pourrait jeter dans cet abîme de la mer non seulement le Pélion sur l’0ssa, mais aussi le Gaourisankar, la plus haute montagne du globe, et si l’on dressait encore sur ce pic le Mont-Blanc, le sommet de ce colosse du continent d’Europe n’atteindrait même pas la surface des flots. Quoi qu’il en soit, toutes les opérations de sondage isolées ou en chaîne que l’on a déjà faites dans l’Atlantique et le Pacifique aussi bien que dans l’océan des Indes, dans les mers du pôle sud et dans les détroits arctiques, permettent d’affirmer que la profondeur moyenne des eaux marines est comprise entre 4 et 7 kilomètres. D’après Herschel, dont l’évaluation est probablement trop forte, l’épaisseur de la couche liquide, en supposant qu’elle fût partout la même dans les bassins océaniques, serait de 4 milles anglais, plus de 6,400 mètres, et par suite le volume total des eaux serait de 3,270,000 milliards de tonnes. Il nous semble que ces nombres devraient être réduits de plus d’un tiers ; mais on ne saurait se prononcer encore avec certitude. Les nouvelles observations qui s’ajoutent chaque année à toutes celles que la science possède déjà permettront bientôt sans aucun doute d’indiquer des chiffres plus précis pour la profondeur des gouffres marins et la masse liquide qui les emplit.

Un autre problème hydrologique, celui de la vraie composition de l’eau de mer, est plus facile, et on peut le considérer comme à peu près résolu depuis les longues et patientes recherches comparatives que Forchhammer a faites à cet égard. D’après le savant danois, la quantité moyenne de tous les sels contenus dans la mer, ou, si l’on veut, la salinité des eaux marines, évaluée autrefois par de Bibra et Bischof à 35,27 parties sur mille, est plus exactement de 34,40. D’ailleurs chaque mer présente une salinité spéciale suivant la quantité des substances dissoutes, le taux de l’évaporation, les apports d’eau douce ou d’eau plus salée, la direction des