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commerciaux, dont la marche peut être moins rapide, parce que le négociant recherche l’économie du fret. C’est le paquebot-poste qui a créé tout ce mouvement d’affaires ; il faut lui attribuer une bonne part des bénéfices de l’échange qu’il a fait naître ou dont il a accéléré le développement. De même autrefois le roulage était le plus actif sur les routes que brûlaient les malles-postes ; de même aujourd’hui sur un chemin de fer le passage de chaque train-express est l’avant-coureur de nombreux trains de marchandises. Les paquebots jouent un rôle pareil dans l’organisation du commerce maritime. Si donc l’on portait à leur actif, dans le compte des dépenses et des recettes, les revenus qu’ils procurent indirectement à l’état par l’augmentation de la matière imposable et par les perceptions dont ils ouvrent la source, si ce calcul pouvait être rigoureusement établi, on obtiendrait un excédant considérable de produit, sous lequel disparaîtraient les plus gros chiffres de subvention.

Par suite des perfectionnemens techniques qui ont été introduits dans le mode de construction des navires, les compagnies ont pu tout à la fois augmenter les dimensions des paquebots et l’emplacement disponible pour les marchandises en conservant l’avantage de vitesse qui est la première loi de leur constitution. Les paquebots ne sont plus seulement les instigateurs les plus énergiques du mouvement commercial ; ils prennent part eux-mêmes à ce mouvement. Cette transformation ou plutôt cette extension de rôle est profitable pour tous les intérêts. Les compagnies y gagnent, puisqu’elles peuvent ajouter au prix du service postal les bénéfices du fret sur les marchandises. Les gouvernemens y gagneront également, parce que dans les futurs contrats ils obtiendront des conditions plus économiques et paieront de moindres subventions pour le service postal ; ces subventions n’étant nécessaires que pour combler la différence qui existe entre les frais d’exploitation et les recettes présumées d’une entreprise assujettie à des obligations tout exceptionnelles, les sommes à payer par les budgets seront d’autant moindres que les revenus des compagnies s’accroîtront. Enfin le commerce est très intéressé à pouvoir charger sur les paquebots une plus grande quantité de marchandises. Il y a des produits qui demandent à être transportés par les procédés les plus rapides ; il se rencontre des occasions où le fabricant tient à ce que ses envois soient rendus le plus vite possible à leur destination, soit parce qu’il est à la veille de voir expirer les délais stipulés, soit parce qu’il lui importe de devancer une concurrence. Ainsi à tous les points de vue la fonction commerciale des services postaux est un bénéfice, une économie, un progrès.

Cet état de choses a cependant soulevé plusieurs controverses. D’un