Page:Revue des Deux Mondes - 1867 - tome 71.djvu/1026

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chose que des vapeurs de liquides très volatils ; la seule différence, c’est que les uns se liquéfient dans les circonstances ordinaires de pression et de température, tandis que les autres-, — les gaz permanens, — ne peuvent être réduits à l’état liquide que si l’on a recours à des températures extrêmement basses ou à des pressions très grandes. Avant Faraday, quelques physiciens avaient déjà réussi à liquéfier certains gaz. Van Marum avait vu le gaz ammoniac se condenser sous une forte pression ; Northmore avait liquéfié le chlore par le même moyen ; Monge et Clouet avaient obtenu l’acide sulfureux à l’état liquide par l’emploi d’un froid intense et d’une compression assez forte. Faraday imagina des appareils d’une grande simplicité avec lesquels il parvint à diminuer dans une forte proportion le nombre des gaz qui résistaient encore à la condensation. Il publia ses recherches en 1823, et l’Académie des Sciences de Paris l’admit la même année parmi ses correspondans. Ce n’est qu’en 1845 qu’il revint au même sujet, profitant cette fois du froid intense que l’on peut produire au moyen du mélange réfrigérant de Thilorier. C’est un mélange d’éther et de neige d’acide carbonique, dont la température est dans l’air de — 90 degrés, et s’abaisse dans le vide jusqu’à 110 degrés au-dessous de zéro. Grâce à ce réfrigérant et à une compression qui pouvait être poussée jusqu’à 50 atmosphères, Faraday-fit de nouvelles conquêtes dans le domaine des gaz dits permanens. Une circonstance qui mérite d’être mentionnée, c’est que les liquides obtenus par ces procédés, et que l’on pourrait presque appeler des liquides artificiels, offrent une mobilité extraordinaire ; l’éther et l’alcool semblent visqueux par comparaison, comme l’huile nous paraît visqueuse à côté de l’éther. il n’y a que cinq gaz qui ont résisté à tous les moyens employés et que l’on pourrait nommer les gaz héroïques : ce sont l’hydrogène, l’oxygène, l’azote, l’oxyde de carbone, le bioxyde d’azote. On peut remarquer que ce sont précisément ceux qui entrent dans la constitution des êtres organisés. Il est probable qu’avec des moyens de compression encore plus énergiques on finira par en avoir raison comme de tous les autres gaz. Perkins annonça même déjà en 1823 qu’il avait pu liquéfier l’air par une compression égale à 1,200 atmosphères, et qu’il avait vu se former dans son appareil une belle goutte limpide d’air condensé ; mais la description de ses expériences montre qu’il n’avait pu rien voir : le problème est donc encore à résoudre.

Vers 1830, Faraday publia un travail sur la fabrication des verres d’optique. Il l’avait entrepris comme membre d’une commission nommée en 1824 par la Société royale, et qui devait s’occuper du perfectionnement des verres pour les lunettes astronomiques, sur la demande et avec les fonds du gouvernement anglais. Faraday avait été chargé d’étudier la composition chimique des verres, Dollond devait les tailler, et sir John Herschel en constater les propriétés physiques. Faraday