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conséquences de cette théorie était la possibilité de faire tourner des aimans sous l’action de courans circulaires et vice versa. Faraday parvint à réaliser le phénomène en 1821, et un témoin de cette expérience raconte la scène touchante qui eut lieu quand Faraday vit ses prévisions s’accomplir de point en point. Il fut si satisfait de la réussite de son expérience, qu’il offrit à son jeune assistant de passer la soirée au théâtre d’Astley, où il faillit avoir une rixe avec un mal-appris qui incommodait son compagnon.

La découverte de l’induction date de 1831. Faraday présenta ses premières recherches à la Société royale au mois de novembre. Le 26 décembre, elles furent communiquées à l’Académie des Sciences par Hachette, qui en avait eu connaissance par une lettre de Faraday. Nobili et Antinori les répétèrent au mois de janvier suivant, mais les résultats qu’ils avaient obtenus parurent dans le numéro de novembre de l’Antologia di Firenze ; cette confusion de dates a pu induire en erreur les auteurs qui, n’ayant pas eu entre les mains le mémoire original des deux savans italiens, se sont imaginé qu’ils avaient des droits de priorité sur Faraday. On a essayé plus tard de démontrer que l’induction électrique ou la production de courans par le simple voisinage d’un autre courant avait été déjà observée par Ampère en 1822. MM. Becquerel, dans leur Histoire de l’électricité, citent à ce propos un passage d’un mémoire d’Ampère, où ce dernier dit que « dans un conducteur mobile formant une circonférence complètement fermée, il s’établit un courant électrique par l’influence de celui qu’on produit dans un conducteur fixe, circulaire et redoublé, placé très près du conducteur mobile, mais sans communication avec lui. » Cet énoncé n’est rien moins que clair, et on comprend en le lisant que cette fois Ampère n’avait pas deviné la portée du fait qu’il avait observé par hasard.

Voici, en peu de mots, les phénomènes découverts par Faraday. Un aimant ou un courant galvanique exerce toujours une certaine influence sur la matière placée dans sa sphère d’action. Si cette matière est conductrice et qu’elle forme un circuit fermé, elle est traversée par un courant toutes les fois que l’intensité de l’action qu’elle subit à distance vient à changer. C’est ainsi qu’il s’établit toujours un courant induit dans un circuit métallique ordinaire au moment où l’on rapproche de ce circuit soit un aimant, soit un courant électrique. Un courant induit de sens inverse s’établit lorsqu’on éloigne le courant inducteur. On observe des effets de même nature lorsqu’on ferme ou qu’on interrompt le circuit inducteur : la fermeture ou l’établissement du courant inducteur équivaut à un rapprochement instantané depuis l’infini jusqu’à la distance où se trouvent les fils ; l’interruption équivaut à une séparation brusque qui transporte le courant inducteur à une distance infinie. En somme, on peut dire que toutes les fois que le courant inducteur