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pour ainsi dire, à côté de son nom le lieu de sa naissance. C’est la Vie et la Correspondance de David Hume, ce sont les Biographies de lord Lovat et de Duncan Forbes, Écossais qui jouèrent un rôle très actif dans les entreprises du prétendant, ce sont des analyses des Procès politiques de l’histoire d’Ecosse et l’histoire des Écossais sur le continent (The Scot abroad) ; c’est enfin un ouvrage plus considérable, une Histoire d’Ecosse depuis la révolution jusqu’à la dernière insurrection, de 1688 à 1745. Voici maintenant l’Histoire d’Ecosse depuis les origines jusqu’à la déchéance de Marie Stuart, c’est-à-dire jusqu’en 1568, nouvel édifice en face de l’ancien, avec lequel il est destiné à former un ensemble. Il ne reste plus que cent vingt ans à combler entre les deux, et l’Ecosse aura une histoire non-seulement nouvelle, mais complète. M. Burton aura suivi le procédé de son illustre devancier Hume, qui commençait par les siècles plus rapprochés et continuait en remontant les âges.

Les ouvrages de M. Burton, et en particulier sa nouvelle histoire d’Ecosse, nous attachent par cette veine de patriotisme qui en fait la vie. Ne lui demandez pas cependant les beaux récits mélancoliques de Walter Scott, ne cherchez pas dans son livre les héroïques douleurs et les romanesques destinées ; ces accens-là ne sont pas à son usage. Il n’a rien du jacobite. Ces lairds pauvres, orgueilleux et fidèles, qui avaient fait contre la maison d’Orange le serment d’Annibal, lui sont absolument étrangers. Il serait plutôt le petit-fils de ces patriotes des classes moyennes qui tendaient à la séparation, mais sans le prétendant, qui ne chérissaient pas plus les Jacques que les George, qui se seraient volontiers formés en une petite république, et qui, ne le pouvant pas, se rallièrent franchement dès que le parlement tyrannique d’Angleterre eut recours à la douceur.

Deux races se partagent l’Écosse, celle des hautes et celle des basses terres, une diagonale tirée du sud-ouest au nord-est les sépare. Durant des siècles, les populations vivant au nord de cette diagonale ont pratiqué presque annuellement le brigandage chez les autres : elles fondaient tout à coup sur leurs voisines quand celles-ci avaient eu le temps de réparer leurs désastres antérieurs, et elles revenaient cacher dans les montagnes moissons, troupeaux, tout le butin de l’expédition. On les appelait, on les appelle encore, aujourd’hui que la montagne ne sert plus à receler les larcins, les highlanders. Le pibroch qu’il a fait entendre par le monde entier à la suite des armées anglaises, le costume pittoresque dont tous les Écossais aujourd’hui se font dans l’occasion une patriotique parure, le plaid aux couleurs variées, dont l’origine est un problème historique obscur, sont réclamés par le highlander comme sa propriété exclusive ; sa langue est gaélique comme celle des Irlandais. Les habitans des plaines, lowlanders, longtemps placés entre les