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Démétrius. Seulement la cour d’Antioche, éclairée par les événemens, ne s’avisa plus de proscrire le culte juif ; toutefois cette concession ne suffisait plus à un peuple qui avait de nouveau respiré l’air de l’indépendance et qui soupçonnait des arrière-pensées chez ses maîtres. L’intrépide Juda fut remplacé par son frère Jonathan, moins brillant dans les combats, mais non moins résolu et surtout plus rusé. Il recommença la guerre de partisans, mettant à profit les déserts du Jourdain aussi bien que les cavernes du Liban. Sa bonne étoile voulut que, juste au moment où un succès partiel remporté sur Bacchides venait de raffermir la confiance des patriotes, une nouvelle guerre civile éclatât en Syrie. Un aventurier, Alexandre Balas, se disant neveu de cet Antiochus Eupator que Démétrius avait détrôné et fait périr, leva contre celui-ci l’étendard de la révolte. Démétrius se vit forcé de traiter avec Jonathan, qui lui fit payer fort cher son alliance par les garanties qu’il en obtint en faveur de ses compatriotes ; mais ne voilà-t-il pas que Balas fait à Jonathan des offres encore plus belles ! Aussitôt l’Asmonéen, plus habile que délicat, tourne le dos à Démétrius et aide puissamment son rival à venir à bout de son entreprise. Cela se passait en 151, Quand en 147 Nicator, fils de Démétrius, voulut venger son père, Jonathan se détacha de Balas et fit encore d’excellentes affaires avec son nouvel allié, ce qui ne l’empêcha pas en 145, lorsqu’un jeune fils de Balas revendiqua la couronne de Syrie, de se déclarer pour lui ; mais cette fois il eut affaire à plus rusé que lui. Tryphon, le véritable auteur de cette dernière prise d’armes, et qui travaillait pour lui-même sous le nom du jeune prétendant, voulut se débarrasser de Jonathan, qui gênait ses plans. Il l’attira dans un piège à Ptolémaïs, le retint d’abord prisonnier, et bientôt le fit tuer (143). Grâce à sa politique toutefois, Jonathan laissait les choses en bien meilleur état qu’il ne les avait trouvées. Il avait obtenu successivement de nouvelles garanties pour la liberté religieuse, le souverain pontificat pour lui-même, l’agrandissement de la Judée jusqu’au-delà d’Éphraïm, l’évacuation du pays sauf la citadelle de Jérusalem, toujours occupée par les Syriens et dernier refuge des hellénistes, l’abolition des impôts prélevés au profit de la Syrie. En un mot, la Judée était défait un état indépendant, ne tenant plus à la Syrie que par un lien de vassalité extrêmement lâche. La primauté de la famille asmonéenne fut de nouveau consolidée par ces précieux avantages, auxquels le peuple juif fut plus sensible qu’aux moyens équivoques dont on s’était servi pour les obtenir.

On s’en aperçut bien quand la nouvelle de la capture et de la mort de Jonathan parvint à Jérusalem. Le dernier des fils de