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— et cela ne réussissait même pas toujours, — il n’y avait pas moyen, vu leurs innombrables scrupules religieux, d’utiliser leurs services.

Antipater régna donc plus que jamais en Judée sous le nom d’Hyrkan et s’appuya toujours plus fortement sur le bras tout-puissant de Rome. Le parti pharisien, affaibli par ses pertes récentes, n’était pas encore en mesure de lui faire une opposition redoutable. C’est en vain qu’Aristobule et ses fils, échappés de leur captivité, tentèrent d’organiser une insurrection nationale, en vain, que le peuple juif, qui désormais avait en horreur ses bons alliés de Rome, voulut profiter des revers de Crassus, battu par les Parthes, en vain même que César, en lutte avec Pompée, renvoya Aristobule en Syrie avec deux légions ; Antipater put tenir tête à tout. Bien plus, quand il vit pâlir l’étoile de Pompée, il se rallia à César et lui rendit de grands services en Égypte. César, qui avait ses raisons pour aimer les gens habiles que les scrupules n’étouffaient pas, fut enchanté de lui et traita très favorablement les Juifs disséminés en Asie et en Europe. Enfin Antipater mourut empoisonné par un partisan dévoué d’Hyrkan II, qui, comme bien d’autres Juifs, souffrait amèrement de l’abaissement auquel était réduit le descendant des Macchabées ; mais Antipater laissait un fils, plus entreprenant et plus habile encore que lui, cet Hérode qui devait à son tour fonder une dynastie. L’imbécile Hyrkan, gouverné par le fils comme il l’avait été par le père, donna pour femme à cet Hérode sa petite-fille Marianne, issue du mariage de sa propre fille et d’un fils d’Aristobule, renommée par sa beauté, et dont la mélancolique destinée devait clore d’une manière tragique l’histoire de la maison asmonéenne.


III

Un sauvageon d’origine étrangère est donc venu se greffer sur le tronc glorieux des Asmonéens, et ne va pas tarder à en détourner toute la sève à son profit ; mais avant de raconter l’histoire de la nouvelle dynastie il convient de consacrer au développement religieux du judaïsme plus d’attention que nous n’avons pu le faire en décrivant les nombreuses péripéties de cette période agitée.

Revenus de Babylone, les Juifs avaient surtout à cœur d’observer la loi, cette loi dont le culte unique de Jéhovah n’était après tout que la première ordonnance, dont la négligence avait attiré tant de calamités sur leurs ancêtres, et dont l’observation exacte leur vaudrait un jour autant de bonheur que de gloire. Composée en réalité de fragmens bien divers par l’origine, cette loi leur faisait