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César, parent du dictateur romain et gouverneur de la Célésyrie. Deux ans après, Jules César était assassiné, et le parti républicain dominait en Syrie. Hérode, qui s’était rallié chaleureusement à ce parti, rentra dans Jérusalem triomphant et décida Hyrkan à lui donner sa petite-fille Marianne. La bataille de Philippes avait été perdue par les républicains. Le triumvir Antoine était en Bithynie, et l’aristocratie juive s’était empressée de lui dénoncer les méfaits d’Hérode. Celui-ci se rendit lui-même près d’Antoine et l’enjôla si bien, qu’il revint en Judée avec le titre de tétrarque et un dévouement au triumvirat aussi entier que celui qu’il mettait naguère au service du parti républicain.

Quatre ans ne s’étaient pas écoulés, que la fortune sembla de nouveau l’abandonner. L’an 40 avant notre ère, les Parthes firent en Asie-Mineure et en Syrie une invasion victorieuse et ramenèrent en Judée Antigone, l’un des fils de cet Aristobule, frère de Hyrkan et son compétiteur malheureux devant Pompée. Le peuple juif accueillit Antigone avec enthousiasme, et celui-ci, pour venger son père et mettre son oncle Hyrkan dans l’impuissance de servir même de prétexte à une révolution ultérieure, lui fit couper les oreilles et l’exila à Babylone. Cette mutilation, d’après la loi, le rendait inapte à exercer les fonctions sacerdotales ; mais Antigone était maladroit et léger. Il ne sut pas rester en bons termes avec le parti pharisien, et tandis qu’il consumait son capital de popularité en luttes misérables avec les puritains, Hérode courait la terre et la mer pour se faire des alliés. il sut disposer en sa faveur la reine Cléopâtre, puis le triumvir Antoine, puis le sénat romain, qui vit en lui un candidat anti-parthe au trône de Judée, et l’an 30 Hérode revint en Judée avec le titre de roi des Juifs, des secours en argent et bientôt après la coopération puissante des légions romaines. Ce ne fut toutefois qu’après un long siège que Jérusalem fut prise. Antigone, fait prisonnier, fut envoyé à Antoine, qui le fit crucifier sans miséricorde. Hérode régna par la terreur. Presque tous les membres du sanhédrin qui l’avaient jadis mis en accusation, les pharisiens d’humeur belliqueuse, tous ceux qui éveillaient les soupçons du tyran ou dont les richesses excitaient ses convoitises, périrent dans les supplices. Les sommes considérables qu’il acquit par ce moyen furent employées à payer la faveur d’Antoine et de Cléopâtre, puis à acheter des amis, et depuis lors il y eut un parti hérodien peu nombreux, très impopulaire, mais non sans pouvoir.

Hérode pourtant n’était qu’à demi rassuré. La campagne d’Antoine contre les Parthes n’avait pas été heureuse. Il craignait un retour offensif de ces terribles cavaliers, et Hyrkan, bien que mutilé, entouré de respect par les Juifs de Babylone, pouvait avec