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cour à favoriser la création d’un nouveau catéchisme, le représentant du saint-siège à Paris avait reçu de Pie VII les ordres les plus formels pour agir dans un sens diamétralement opposé. La correspondance du cardinal Consalvi avec le cardinal Caprara ne permet à ce sujet aucun doute. Elle établit de la façon la plus authentique qu’en cette occasion comme en tant d’autres le légat, animé peut-être des meilleures intentions, non-seulement ne se conforma point à ses instructions, mais qu’il prit résolument, lui d’ordinaire si timide, le contre-pied de la ligne de conduite qui lui avait été soigneusement tracée. Il y a plus : afin de n’être pas gêné par de nouvelles et plus impératives injonctions qui pouvaient lui arriver de Rome, il laissa le saint-père dans la plus complète ignorance de ce qui se passait à Paris ; il ne se fit aucun scrupule de garder un absolu silence sur cette longue élaboration du catéchisme impérial qui se faisait sous ses yeux, de son consentement et avec sa pleine connivence. Voici exactement ce qui se passa entre la cour de Rome et son représentant à Paris.

A une époque qui doit remonter aux temps assez courts écoulés entre le consulat à vie et l’élévation de l’empereur au trône, le cardinal Caprara avait envoyé en communication à Rome un projet de catéchisme qui devait être, dans la pensée du gouvernement impérial, destiné à l’instruction religieuse des jeunes enfans en France. Il recommandait le plus grand secret au cardinal Consalvi, et sollicitait l’avis du saint-père sur ce travail, qui n’était autre probablement que celui dont nous avons déjà parlé, et qui était dû à l’un des théologiens de la légation romaine. Ainsi qu’il lui arrive fréquemment, la cour de Rome tarda longtemps à répondre. Peut-être ce retard était-il simplement imputable aux habitudes lentes et minutieuses des congrégations ecclésiastiques qui sont officiellement chargées d’examiner les affaires de cette nature. Peut-être y entrait-il aussi un peu de calcul et, de la part du Vatican, le secret désir de n’avoir pas à se prononcer sur des questions passablement épineuses, ou bien encore, si l’on s’en rapporte au secrétaire d’état de sa sainteté, peut-être fallait-il expliquer simplement ces délais prolongés par l’étude approfondie que méritait un objet de cette importance[1]. Toujours est-il qu’au 18 août 1805 Caprara fut obligé d’insister de nouveau pour qu’on lui renvoyât de Rome le plus tôt possible le catéchisme qu’il avait précédemment communiqué. Dans sa dépêche, le légat témoignait ne pas bien savoir « si l’on peut donner à chaque évêque la faculté de se servir du catéchisme que chacun croira préférable, ou si le

  1. Lettre du cardinal Consalvi au cardinal Caprara, 18 septembre 1805.