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le catéchisme impérial. Ce fut à cette lacune que s’attachèrent de préférence les ecclésiastiques qui n’étaient point contens du travail de la commission présidée par M. Portalis. Les réclamations furent d’autant plus vives de leur part qu’ils espéraient faire ainsi repousser du même coup, avec l’ensemble d’un catéchisme si défectueux, cette leçon du quatrième commandement dont personne n’osait parler, qui n’en était pas moins présente à tous les esprits et faisait à elle seule, quoiqu’elle ne fût pas même nommée, tout le fond du débat. L’empereur et M. Portalis ne laissaient pas d’être un peu contrariés par cette opposition inattendue, latente et déguisée, qui se plaignait assez haut sans articuler pourtant le vrai mot de la chose. Bientôt elle fut soutenue par l’intervention soudaine d’un auxiliaire inespéré. Cet auxiliaire n’était autre que le cardinal Fesch lui-même.

Le cardinal Fesch, rappelé de Rome par l’empereur, était revenu en France un peu troublé, comme nous l’avons déjà dit, dans sa conscience de prêtre du rôle que son neveu lui avait, pendant son ambassade, fait jouer à l’égard du père commun des fidèles. Il était donc très disposé à donner à l’église romaine et en particulier à Pie VII la preuve que, dans les questions où la politique n’était pas directement engagée et qui touchaient aux principes professés par le saint-siège, le Vatican pouvait toujours compter sur lui. Sur la question alors pendante, qui a divisé beaucoup de bons esprits et n’est pas encore à l’heure qu’il est, si nous ne nous trompons, complètement fixée par les autorités compétentes, l’oncle de l’empereur était loin de penser comme son neveu. Dès qu’on lui eut donné au ministère des cultes connaissance du nouveau catéchisme, le cardinal Fesch consulta les membres les plus éclairés de l’ancien clergé français et parmi eux en première ligne l’abbé de Boulogne, auquel il demanda un travail par écrit sur les objections que pouvait soulever l’ouvrage sorti du sein de la commission ecclésiastique. Cet illustre orateur, que déjà la voix publique appelait à l’épiscopat, rédigea quelques notes dans lesquelles il releva certains articles défectueux qui s’étaient glissés dans le nouveau catéchisme. Il ne manqua pas d’insister surtout sur l’omission fâcheuse de la doctrine « hors de l’église point de salut, » doctrine enseignée dans tous les anciens catéchismes, et qui était chère aux membres du clergé catholique de France. Le cardinal Fesch, ayant trouvé fort justes et fort importantes les observations de l’abbé de Boulogne, courut sur-le-champ à Saint-Cloud pour les communiquer à l’empereur.

À cette nouvelle, les ecclésiastiques secrètement opposés à la leçon du septième commandement se flattèrent d’avoir victoire