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commencé, du moins où il s’était développé et par qui il avait été apporté en Europe. Il en est résulté une explosion de colère bien facile à comprendre contre la cause patente du désastre. L’expression en a été souvent plus vive que réfléchie ; le choix des remèdes indiqués n’était pas toujours dicté par la raison, par l’humanité, encore moins par une connaissance des conditions dans lesquelles s’accomplissent les faits incriminés.

Le 13 février 1866, une conférence sanitaire internationale, provoquée par le gouvernement français et dans laquelle avaient été invités par la Sublime-Porte à se faire représenter les États-Unis d’Amérique et la plupart des gouvernemens européens, fut ouverte à Constantinople au palais de Galata-Séraï et installée par Aali-Pacha, ministre des affaires étrangères du sultan. Au moment où les plénipotentiaires se réunissaient, le pèlerinage de 1866 avait lieu. Dans sa séance du 28 mai, la conférence reçut communication des mesures préventives qui avaient été prises par les autorités locales. On lui annonça qu’une surveillance active était exercée à Suez par les soins de l’autorité égyptienne, et qu’aucun cas de maladie suspecte n’avait été observé. L’état sanitaire était satisfaisant en Égypte ; une commission médicale ottomane avait été envoyée d’avance dans le Hedjaz. « Par les soins de cette commission, dit le docteur Bartoletti, l’un des délégués ottomans, les citernes ont été nettoyées à La Mecque, et il en a été de même des égouts. L’eau de certaines fontaines a été réservée pour la boisson. Dans la vallée de Muna, quarante-cinq puits ont été creusés pour y enterrer les débris des animaux. On y a aussi préparé cinq cents fosses d’aisance. Des emplacemens ont été choisis à une certaine distance des campemens pour y ouvrir des tranchées destinées au parcage et à l’abatage des bestiaux, d’autres avaient été réservés aux marchands de comestibles. Les navires ont été soigneusement visités à l’arrivée, et l’on n’a eu à constater aucun cas de choléra. On a de même veillé au départ à ce qu’aucun bâtiment ne prît, comme par le passé, un trop grand nombre de pèlerins à la fois. » Le délégué de Turquie faisait connaître en outre que son gouvernement avait envoyé à La Mecque un commissaire spécial chargé, pour le gouverneur du Hedjaz et pour le grand-chérif, d’instructions leur prescrivant d’appliquer dans la limite du possible les mesures décrétées par la conférence.

Ces mesures ont pu être prises non-seulement sans résistance, mais même avec le concours des autorités de La Mecque. Elles notaient pas de nature toutefois à rassurer définitivement et complètement la conférence. Le choléra pouvait encore éclater dans le Hedjaz et se répandre en Europe pendant que les délégués