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couvent de l’ordre de Cîteaux, qui appartient à l’université de Greifswald. Cette université est l’un des grands propriétaires fonciers de la Poméranie. Elle possède un immense patrimoine de 55,000 morgen, renfermant 16 domaines et 18 villages peuplés de plus de 7,000 habitans. La situation de l’école est très bien choisie, elle s’élève dans le village d’Eldena, à quelques kilomètres de la petite ville de Greifswald et au bord du golfe que forme l’île de Rugen. 300 hectares forment le champ d’exploitation, que termine un beau bois de hêtres disposé en parc et coupé de promenades, le Elisenhain. Les ruines de l’ancienne chapelle sur le rivage de la mer complètent l’aspect pittoresque du paysage. La ferme entretient 26 chevaux de travail, 17 bœufs, 70 bêtes à cornes et 1,200 moutons, de façon que les élèves peuvent s’initier à tous les détails d’une grande exploitation. Une brasserie, une briqueterie et une fabrique de tuyaux de drainage y sont annexées. La forêt voisine sert de champ d’expérience pour les leçons de sylviculture. La ferme est conduite de façon à réaliser des bénéfices, seule manière de donner une instruction pratique. Rien de pis que ces prétendues fermes-modèles qui apprennent à gaspiller le capital et donnent à rire aux paysans, qui avec raison regardent toujours aux résultats pécuniaires. Sur le revenu net, une partie, — 5,000 thalers, — sert à former un fonds au profit de l’académie, et le reste à améliorer la propriété. Le cours complet dure deux ans : il comprend l’économie politique et rurale appuyées sur la statistique, l’agriculture, l’arboriculture et la sylviculture, en fait de technologie la fabrication du sucre, de la bière, des briques, des tuyaux de drainage, en fait de sciences naturelles la minéralogie, la géologie, la botanique, la chimie, avec des expériences et des excursions, enfin les mathématiques, la trigonométrie, l’arpentage, la mécanique usuelle, l’art vétérinaire, le droit rural, l’histoire du pays et le droit constitutionnel. Des excursions faites dans les régions les plus intéressantes à étudier complètent ce programme, qui, comme on le voit, est très étendu et peut ouvrir l’esprit du jeune homme tout autant que des études latines. Il ne lui enseignera pas seulement à bien diriger une exploitation, il relèvera à ses yeux ses occupations champêtres en lui apprenant à y suivre l’œuvre merveilleuse des lois naturelles. On ne donne jamais trop d’instruction à l’homme de métier, pourvu qu’on ne lui enseigne rien qui n’ait un rapport direct avec le travail qu’il exécute. L’Allemand a l’instinct de la pédagogie : il naît professeur. Autrefois la science germanique était abstraite, pédante, enfouie dans les formules ; aujourd’hui elle devient vivante, et elle excelle surtout à ennoblir les plus humbles travaux par l’exposition des théories qui les expliquent. Pour être admis à l’école