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Dans les aubépines en fleurs
Vocalisait l’oiseau nocturne ;
La cascade, épanchant son urne,
A la chanson mêlait ses pleurs !

Loin de sa remise égarée,
La biche bramait aux abois,
Et plus leste qu’un daim sous bois,
Plus svelte, mais moins effarée,

L’aimable reine du logis,
Ramenant son prince à l’alcôve,
A bondi dans sa robe mauve,
Ses doigts par les fraises rougis,

Et pour ce roi que rien ne touche,
Cueillant à foison, sans cesser,
Fleurs et fruits que dans un baiser
Elle lui tend avec sa bouche.

Ils sont rentrés ! — Le frais recoin
Les a reçus. Louis et Jeanne
Ont un moment, sur l’ottomane,
Causé, badiné sans témoin !

Puis en rajustant sa coiffure,
Saisissant l’heure du berger :
« Eh quoi ! sire, — d’un ton léger
A dit l’adorable figure, —

Eh quoi ! sire, vos yeux n’ont rien
Vu de neuf dans cet ermitage ?
— Non, vraiment. — Cherchez davantage.
Allons, allons, regardez bien

« Sur ce panneau qui nous fait face,
Parmi mes Teniers, mes Vanloo…
— En effet, un nouveau tableau…
— Que j’ai pour vous, à cette place,

Mis tout exprès, sire, un Van Dyck,
Dont je veux, moi, votre servante,
Que sous vos yeux, toujours vivante,
L’œuvre vous soit un pronostic ! ..