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générales et topiques. Par exemple, il vous dira pour la purification des mains combien il faut d’eau, quelle eau, qui doit la verser, dans quel vase ; cela n’en finit pas. La souillure des fruits est aussi envisagée sous ses divers aspects. Ce seder est le plus long des six et respire une antipathie prononcée contre les sadducéens. Aucun ne montre mieux qu’il ne faut pas chercher l’origine de l’essénisme ailleurs que dans le judaïsme pharisien.

C’est Juda le Saint qui introduisit cette division fondamentale. Jusqu’au grand Hillel, les rabbins avaient divisé la loi mosaïque en 613 titres, se répartissant en 248 préceptes positifs, autant que l’on comptait de parties dans le corps humain, et 365 préceptes négatifs, d’après le nombre des jours de l’année. Hillel ramena ces nombres arbitraires à dix-huit rubriques principales. Juda le Saint les réduisit aux six que nous venons de définir. Ajoutons, pour ne rien omettre, qu’en outre des six sedarim, le Talmud contient encore un appendice composé de sept petits traités qui roulent, comme tout le reste, sur l’observation de la loi dans des cas particuliers, et qui ne méritent pas en ce moment de description spéciale.

Sous quelle forme le contenu du Talmud s’offre-t-il aux regards ? Lorsqu’on ouvre un des volumes de cette immense collection, que l’on a reconnu le seder, le traité et le parak où l’on se trouve, on peut entamer la lecture d’une mischna spéciale. Au centre de la page se trouve le texte de la grande mischna fondamentale, écriture hébraïque. Ce texte est suivi de sa gémare, écrite en langage chaldaïque et entourée des explications qui doivent en préciser le sens. Nous donnons ici un court spécimen de cette étrange littérature[1]. Nous l’empruntons au Talmud Babli, premier seder, semences, premier traité, berachot ou bénédictions, chapitre V.


« MISCHNA. — A celui qui dit en priant : Jusqu’au nid de l’oiseau s’étend ta miséricorde, ou bien : ton nom est célébré à cause de tes bienfaits, ou bien encore : Nous reconnaissons, nous reconnaissons, — il faut imposer silence.

« GEMARE. — Il est juste qu’on impose silence à celui qui prie en disant : Nous reconnaissons, nous reconnaissons,… car il a l’air de croire à deux puissances suprêmes ; de même s’il prie, en disant : ton nom est

  1. Il n’existe en aucune langue de traduction complète du Talmud. Un calife, dit-on, voulut-en posséder une et la fit faire à ses frais ; mais on n’a jamais vu cette traduction. Quelques traités à part et la mischna, également à part, ont été quelquefois traduits en latin et en allemand. En 1842, le Or Pinner a publié le premier volume d’une traduction allemande avec texte en regard sous le patronage du tsar Nicolas. Malheureusement ce volume in-folio, qui ne contient que le premier traité du premier seder, n’a pas eu jusqu’à présent de successeurs.