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la question de savoir si ce chiffre était définitif, et si avant la levée des états il ne surviendrait pas d’autres demandes sous d’autres appellations. Enfin l’assemblée voulut savoir s’il était vrai qu’il y eût alors sous presse plusieurs édits relatifs à des créations de charges nouvelles, « édits dont la cour prétendait poursuivre l’enregistrement sitôt qu’elle serait désemparée. » D’Aligre répondit d’une manière à la fois évasive et offensante, déclarant n’avoir à rendre compte à personne de ses instructions et vouloir conserver pour le gouverneur et pour lui-même la plus entière liberté dans le cours de la mission que lui et ses collègues avaient reçue du roi, « n’entendant pas être traité plus mal que ceux qui l’avaient précédé. » Les états commencèrent, sous l’impression de ces paroles, par voter une somme de 350,000 livres, somme que les commissaires du roi déclarèrent dérisoire. A la séance suivante, l’offre fut élevée de 50,000 livres sans que ceux-ci consentissent à la discuter. À ce point du débat se produisit entre les représentans du pays et ceux de la couronne un incident ainsi exposé au procès-verbal de la séance : « Sur ce que M. le sénéchal de Rennes s’est plaint que messieurs les commissaires auraient prétendu qu’un particulier du tiers aurait dit, en délibérant sur la proposition de M. d’Aligre, qu’on lui baille 500,000 livres et qu’il aille au diable, les états protestent contre cette atroce calomnie. » Quoi qu’il en soit, les 500,000 livres furent en effet proposées, mais les commissaires déclarèrent cette offre ridicule « en présence des grands besoins d’argent qu’avait sa majesté, contrainte de faire face à la fois à ses ennemis du dehors et du dedans. » Enfin, après quinze jours de débats orageux, les états en étaient arrivés à « prier messieurs les commissaires du roi d’accorder purement et simplement les conditions que l’assemblée leur avait proposées, sinon à ne pas trouver mauvais qu’elle ne contractât pas avec eux[1]. » Toutefois dans la séance du 27 il intervint un arrangement dont les motifs comme les détails nous échappent, mais duquel il semble résulter que les états votèrent la somme réclamée sous la condition formelle de ne la payer qu’après qu’ils auraient pu réaliser leurs ressources et dans la mesure de cette réalisation.

Le don gratuit ne provoqua pas des débats moins animés dans les tenues qui eurent lieu en 1622 et 1623 à Nantes, en 1624 à Ploërmel, en 1625 à Guérande. Il demeura fixé jusqu’en 1629 à 600,000 livres. Dans ce chiffre n’était pas compris le fonds fait par les états pour les garnisons de certaines villes de guerre indiquées dans les contrats annuels, pour le service de la maréchaussée et pour celui des milices locales, ce qui en doublait à peu près

  1. Registres des états, séances des 13, 17, 21 et 24 juillet 1621.