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produits industriels. Après avoir examiné ce qui se rapporte à la pêche proprement dite, nous allons rechercher ce que l’exposition nous a enseigné au sujet de la production artificielle du poisson, et examiner dans quelle mesure la pisciculture, soit marine, soit fluviale, a augmenté la production.


II.

La pisciculture marine était représentée par l’aquarium marin situé dans le jardin réservé et construit par les soins de l’administration des ponts et chaussées. Il se composait, on s’en souvient, d’un certain nombre de chambres disposées en amphithéâtre, closes par des parois de verre et remplies d’eau de mer, dans lesquelles les principaux poissons de nos côtes se livraient à leurs évolutions sous les yeux du public. Ce qui frappait surtout les spectateurs, c’était la vue de ces paysages sous-marins dont bien peu de personnes se font une juste idée. Il semble en effet, à voir la surface unie de la mer, que le fond qui la supporte doit aussi être peu accidenté, et il faut une certaine réflexion pour admettre qu’il n’est que le prolongement de la terre, et qu’il a comme elle ses rochers, ses vallées et ses montagnes.

Le désir de donner un attrait de plus à l’exposition n’a peut-être pas été le seul mobile de l’administration, et il n’est pas téméraire de supposer qu’elle a voulu faire savoir au public combien la question des pêches lui tient à cœur, et combien elle se préoccupe de tout ce qui se rattache à la production et à l’éducation du poisson. Parmi les efforts qu’elle a faits dans ce sens, il faut mentionner d’abord l’établissement des viviers de Concarneau, petite ville de Bretagne située au fond d’une baie et entourée de collines boisées. Sur la proposition de M. Coste, dont les travaux sur la pisciculture sont connus de tout le monde, le gouvernement y prescrivit la création de viviers qui devaient être pour les poissons de mer ce que l’établissement de Huningue était pour les poissons d’eau douce, un champ d’observations en même temps qu’un atelier de production. Ces viviers, creusés dans le roc, ont une superficie de 1,000 mètres ; ils sont divisés en six bassins que la mer visite à la marée haute, abandonne à marée basse, et qu’on peut, en ouvrant ou en fermant les orifices grillés dont ils sont munis, mettre à sec ou conserver pleins. Un bâtiment qui renferme le logement des employés et un laboratoire pourvu d’instrumens divers permettent d’effectuer toutes les expériences jugées utiles en même temps que d’observer constamment les poissons dans les actes les