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Fusaro, près de Naples, dont les huîtrières ont de tout temps joui d’une grande réputation. Ces procédés sont décrits dans une série de rapports qui ont été livrés à la publicité, et dont chaque page trahit l’espoir de doter la France d’une richesse nouvelle.

L’huître est un mollusque hermaphrodite qui pond du mois de juin au mois de septembre ; elle n’abandonne pas immédiatement ses œufs, mais elle les conserve en incubation entre les lames branchiales, plongés dans une matière muqueuse d’un aspect laiteux. Peu à peu les embryons se développent, et, lorsqu’ils sont éclos, ils sont rejetés par la mère. Grâce à l’appareil de natation dont ils sont munis, ils peuvent se transporter au loin à la recherche d’un corps solide sur lequel ils s’attachent. Chaque huître pond ainsi annuellement de 1 à 2 millions de germes qui sont pour la plupart emportés par les flots vers la haute mer avant de trouver à se fixer, d’autres tombent au fond de l’eau et sont engloutis dans la vase, d’autres enfin deviennent la proie d’une foule d’ennemis contre lesquels ils ne peuvent se défendre ; la plus faible partie seulement échappe à la mort en se fixant sur les rochers, et contribue ainsi à la perpétuation des bancs. C’est à combattre ces causes de destruction que M. Coste s’est attaché, et il a pensé qu’on y arriverait, si l’on donnait artificiellement au naissain (jeunes huîtres) des points d’appui suffisans qui lui permettraient de se fixer. C’est le procédé employé dans les huîtrières du lac Fusaro, ainsi que dans la baie de l’Aiguillon, pour la multiplication des moules. On peut recueillir le naissain soit au moyen de pieux plantés dans l’eau, soit au moyen de fascines plongées et retenues au fond par une pierre et qu’on retire de temps à autre pour récolter les jeunes huîtres. On a également essayé des appareils collecteurs plus compliqués, tels que des planchers de sapin maintenus en place par des pieux et hérissés de copeaux, de façon à présenter la plus grande quantité possible de points d’attache. Dans les localités où sont à craindre les tarets ou autres insectes marins qui détruisent les bois, on fait usage de toits formés de tuiles placées sur des chevalets et disposées soit horizontalement, soit obliquement. On conçoit d’ailleurs qu’on puisse varier à l’infini la forme et la disposition de ces appareils, et l’exposition nous en montrait de différentes espèces avec les huîtres dont ils étaient couverts. Lorsque les jeunes huîtres ainsi fixées ont atteint environ la grosseur d’une pièce de 1 franc, on les enlève et on les place dans des bassins d’engraissement légèrement vaseux et submergés à chaque marée ; elles y restent jusqu’à ce qu’elles puissent être placées dans les parcs où. doit s’achever l’élevage. Cette opération, appelée détroquage, présente quelques difficultés quand les jeunes huîtres sont fixées sur des tuiles, parce qu’elles adhèrent avec une telle force,