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et la province comme inondée d’un nombre considérable de troupes.

« Nous avons été instruits que non-seulement ceux de nos membres qui avaient été exilés étaient retenus dans leur exil, mais encore qu’un nombre fort grand de gentilshommes avaient eu défense expresse d’aller aux états. Nous avons connu, dès le premier jour de l’assemblée (celle de juillet 1718), qu’il n’y avait aucune liberté dans les suffrages et que plusieurs des membres de l’ordre du tiers qui avaient assisté à l’ouverture au mois de décembre 1717 avaient été exclus, et le surplus intimidé par toutes sortes de menaces. Enfin nous avons vu que, par un attentat jusqu’à présent sans exemple, les commissaires du roi sont venus en pleins états faire enregistrer, en leur présence et par violence, des arrêts du conseil qui cassaient des délibérations des états; que, contre l’institution des charges de procureurs-généraux-syndics des états, les mêmes commissaires ont empêché le sieur de Coëtlogon, qui est revêtu d’une de ces charges, de partir pour aller porter au pied du trône les justes plaintes des ordres de la province de Bretagne, ce qui nous a mis dans la nécessité de faire nos protestations et d’en demander l’enregistrement au greffe du parlement de Bretagne; que ledit sieur de Coëtlogon a été arrêté et conduit en exil pour avoir obéi aux ordres des états, suivant le devoir de sa charge; que le sieur de Chérigny a reçu un pareil traitement pour avoir soutenu avec honneur les intérêts du roi et de la province.

« De pareils traitemens étant opposés au bien public, et injurieux à la noblesse de Bretagne, nous avons déclaré par cet écrit, juré. et promis unanimement sur notre foi et notre honneur, de nous unir tous ensemble pour soutenir par toute sorte de voies justes et légitimes, sous le respect dû au roi et à son altesse Mgr le duc d’Orléans, régent du royaume, tous les droits et privilèges de la province de Bretagne et les prérogatives de la noblesse. De plus, promettons que, si quelqu’un des soussignés est troublé ou attaqué en quelque sorte que ce soit dans la suite, en sa personne, sa liberté ou ses biens, nous prendrons son intérêt comme commun à tous en général et en particulier, sans pouvoir nous en séparer par aucune considération, et sera déclaré infâme celui qui en usera autrement. Et promettons, sous peine d’encourir une honte publique et perte de réputation, de faire toutes les choses nécessaires pour le tirer de l’état où il serait réduit pour l’intérêt de la cause commune, jusqu’à périr plutôt que de le souffrir opprimé, et de contribuer à l’indemniser de toutes les pertes et frais qu’il pourrait faire pour le bien commun.

« Tous les gentilshommes de la province seront engagés, pour l’intérêt de leur honneur, de signer cette présente union, et les deux ordres de l’église et du tiers-état invités de s’y joindre, et on y admettra les gentilshommes extra-provinciaires qui, pour l’intérêt de l’état, voudront bien y entrer.