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culture de ses vins si renommés de Constance, qui portent encore les noms éminemment gascons de Pontac et de Frontignac. Ils habitent la plupart aux environs de la ville de Constance ou dans le charmant village de Paarl, dont la propreté et la coquetterie rustique rappelaient à M. von Scherzer les plus jolis hameaux de l’Allemagne. Les qualités fines des vins blancs et rouges se vendent jusqu’à 4 francs le litre; les plus ordinaires ressemblent aux vins de Xérès, et le prix n’en dépasse pas 1 franc 50 centimes. L’exportation vers l’Angleterre s’était élevée en 1859 jusqu’à une valeur de près de li millions de francs. Depuis lors, elle a diminué par suite des ravages de V oïdium, qui a traversé l’équateur. Néanmoins la culture de la vigne continue à s’étendre; la consommation dans la colonie même et l’exportation vers l’Australie augmentent. Un magnifique avenir s’ouvre pour la race anglo-hollandaise qui occupe l’Afrique méridionale. Elle se développe rapidement. La nouvelle colonie de Port-Natal, dont le fameux docteur Colenso est encore l’évêque toujours contesté, ajoute un anneau de plus aux établissemens de la côte, qui occupent ainsi toute l’ancienne Gafrerie. A l’intérieur, les paysans hollandais, les Boeren, qui n’ont pas voulu reconnaître la suprématie britannique, ont constitué deux états indépendans, la république d’Orange et celle de Transvaal. Les plateaux élevés que ces rudes enfans de la Batavie occupent sont favorables à l’élève du bétail et permettent à la race blanche de s’avancer vers l’équateur. Il manque à ces jeunes états des débouchés vers la mer et un port; mais plus tard ils s’allieront sans doute à Natal par un lien fédératif, et posséderont quelque baie sur la côte de Sofala. Si l’Angleterre était amenée à occuper définitivement l’Abyssinie, on pourrait voir la civilisation européenne s’implanter dans toute la région intérieure des grands lacs, admirable pays d’une prodigieuse fertilité, et dont l’altitude produit un climat où l’Européen peut vivre et se multiplier. Livingstone, Speke, Grant, Baker, sont les pionniers de la conquête commerciale et agricole qui mettra un jour cette partie de l’Afrique aux mains de la race indo-germanique.

Après le Cap, la frégate autrichienne visita l’île d’Amsterdam, Madras et Ceylan. M. von Scherzer y recueillit, comme partout où il s’arrêta, des données précises, des chiffres qui intéressent le négociant non moins que l’économiste : tableau des exportations et des importations, frais de port et d’embarquement, prix des marchandises, indication des produits que l’armateur aurait le plus d’avantage à amener d’Europe. C’est toute une enquête faite par un homme à qui les transactions du commerce des diverses parties du monde sont familières. Jetons seulement un coup d’œil en passant