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L'OBSERVATOIRE DE PARIS
DEPUIS SA FONDATION

Vers le milieu du XVIIe siècle, l’art d’observer a subi une révolution profonde et décisive. Huyghens, en appliquant le pendule aux horloges, venait de fournir aux astronomes un moyen de mesurer le temps avec une précision inconnue jusqu’alors. Les lunettes, d’invention récente, n’avaient encore servi qu’à rapprocher de l’observateur les corps célestes ou à lui révéler des astres noyés dans la lumière du firmament ; on commençait à en soupçonner l’importance pour la mesure des angles par lesquels se déterminent les positions des étoiles dans le ciel. Grâce à ces moyens perfectionnés, des méthodes essentiellement nouvelles se substituèrent bientôt aux procédés inexacts et incommodes des anciens observateurs, et ce sont ces méthodes qui de nos jours encore constituent l’astronomie de précision. Elles ont été développées et modifiées dans les détails, mais les principes n’ont guère varié depuis deux siècles. C’est dans ces méthodes que se révèle le génie, que s’affirme la puissance de l’homme aux prises avec l’inconnu. Placé sur l’étroite planète à laquelle sa destinée l’enchaîne, il conquiert l’espace infini en mesurant des quantités imperceptibles, en épiant des fractions de secondes, en divisant et subdivisant l’instant fugitif. Des générations d’observateurs qui se succèdent reprennent tour à tour le fil des investigations tenaces et minutieuses par lesquelles la science surprend les mystères des mondes lointains.

La création de l’observatoire de Paris eut lieu malheureusement pendant cette crise dans laquelle les idées nouvelles remplaçaient