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dont le rez-de-chaussée n’a jour que du côté du nord. Il est flanqué de deux grosses tours octogonales ; un avant-corps fait saillie au milieu de la façade nord, qui regarde la ville. Les deux tours octogonales qui décorent les angles de la façade méridionale ont de petits flancs coupés de portes et de fenêtres où l’on n’aurait jamais pu fixer un cercle mural d’une certaine dimension. Celle de l’est, qui fut laissée sans couverture, et la vaste salle du second étage, qui n’a été pavée qu’en 1730 et qui renferme une méridienne de cuivre enclavée dans les dalles, servirent à installer ou à remiser des lunettes de 10 à 20 mètres de long, avec lesquelles on étudiait la constitution physique du soleil et des planètes. Les deux autres tours ont abrité, paraît-il, des instrumens de mesure, mais nous ne savons trop ce qu’on y a jamais mesuré.

Cassini n’était pas plus satisfait des dispositions du vaste édifice que ne l’étaient les astronomes de l’Académie. Il aurait voulu, lui, que cet édifice même fût un colossal instrument ; son rêve était d’appliquer sur les quatre murailles quatre grands quarts de cercle dont les divisions eussent pu faire reconnaître les minutes et même les secondes des angles. En outre il croyait nécessaire de disposer une vaste salle pour un cadran solaire intérieur ; le soleil, pénétrant par une petite ouverture au sommet du mur, devait dessiner son chemin journalier sur le parquet et révéler ainsi les variations qui ont lieu dans le mouvement annuel de l’astre. C’est à cet usage que la salle de la méridienne paraît avoir été primitivement destinée, mais l’on différa pendant soixante ans d’y poser des dalles, parce que l’édifice tassait d’une manière sensible, et que les changemens de niveau qui en résultaient devaient rendre le cadran projeté inexact. On chercha donc à tirer parti du bâtiment tant bien que mal. Les grandes lunettes étaient le plus souvent placées sur la terrasse qui masque le rez-de-chaussée de l’Observatoire du côté du midi. D’autres instrumens étaient installés devant les fenêtres des salles. Pour observer le zénith, Cassini fit percer toutes les voûtes vers le centre de l’édifice par un trou circulaire correspondant au puits à escalier tournant par lequel on descend dans les caves. On sait que les souterrains de l’Observatoire, dont la profondeur est de 28 mètres, ont été construits dans les anciennes carrières ou catacombes. Ils ont servi à constater qu’à une pareille profondeur la température ne subit que de très faibles variations ; le thermomètre s’y maintient au même degré (environ 12 degrés) pendant l’hiver et pendant l’été, Cette remarque, due à Mariotte, fit une grande sensation lorsqu’il la publia pour la première fois. Le puits de Cassini existe toujours, mais il est fermé au rez-de-chaussée, et les ouvertures des voûtes ont été bouchées.