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mains des astronomes modernes, est devenu le plus important de tous ceux qui sont en usage dans les observatoires. Les observations que Roemer fit lui-même jusqu’à sa mort, arrivée en 1710, et celles de son élève Horrebow, qui lui succéda, ont été perdues dans l’incendie qui dévora l’observatoire de Copenhague en 1728.


II

Au commencement du XVIIIe siècle, les observatoires de Greenwich et de Copenhague étaient donc entrés dans la voie tracée par Picard et Roemer ; à Paris, La Hire seul suivait le plan de son maître. L’école des Cassini y florissait, et pendant près d’un siècle les travaux de l’Observatoire furent de préférence tournés vers les recherches d’astronomie physique, où les conquêtes sont plus faciles et en apparence plus brillantes ; Cassini Ier mourut en 1712 et laissa la direction de l’Observatoire à son fils Jacques, qui la transmit à son tour en 1756 à son fils César-François Cassini de Thury ; en 1784, ce dernier la laissa en héritage à Jean-Dominique Cassini de Thury, dit le comte de Cassini, capitaine de cavalerie au régiment de la Marche, qui la résigna en 1793. Sous le règne de Cassini II, en 1732, on songe enfin à établir un nouveau quart de cercle mural de 2 mètres de rayon, mais il est impossible de découvrir dans le vaste édifice un coin où cet instrument pourrait s’installer commodément. L’Académie des Sciences se décide alors à faire bâtir un cabinet extérieur attenant à la tour orientale. En 1742, on se voit obligé de construire un second cabinet à côté du premier afin d’y établir un quart de cercle mobile. Quelques années après, vers 1760, une petite tourelle à toit tournant fut érigée au sud des deux premières bâtisses ; on y faisait des observations pour la détermination de l’heure exacte des phénomènes. « Ces trois petites pièces construites avec une extrême parcimonie et sans aucune solidité formèrent, dit Arago, pendant de longues années le véritable, le seul observatoire royal de Paris. Le fastueux monument de Perrault dominait majestueusement ces masures, mais il n’était, pour nous servir d’une expression de l’époque, qu’un observatoire de parade. » Ce grand édifice ne tarda pas d’ailleurs à se ressentir de l’insouciance qui caractérise les dernières années du règne de Louis XV, et dont les autres monumens de la capitale portèrent également les traces. Vers 1770, cette masse, qui n’avait pas encore un siècle d’existence, menaçait ruine. Les tassemens, qui s’étaient déjà fait sentir pendant la construction de l’Observatoire et avaient obligé de reprendre les fondemens plus bas, avaient continué : les deux façades de l’est et du midi s’étaient affaissées et avaient