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Hongrie et les provinces cisleithanes, sont maintenant réunies à Vienne. La Hongrie est toujours en bonne veine ; elle exporte ses blés avec profit pour elle et une grande utilité pour la consommation européenne ; ses chemins de fer, pas encore assez nombreux, ont un des meilleurs trafics de l’Europe. Elle a eu recours au crédit pour construire de nouvelles lignes ; elle a demandé à la place de Paris l’hospitalité d’un emprunt dont la souscription s’est terminée avec succès. La race de l’empire qui se rapproche le plus de la Hongrie est la race, polonaise formant le royaume de Galicie. Une publication récente, la Correspondance du nord-est, qui a pour objet de vulgariser en France les informations sur les tendances politiques de cette partie de l’Europe, nous fait assister à un curieux et intéressant mouvement de races qu’il avait été jusqu’à présent impossible d’observer avec suite. La Russie, avec sa propagande panslaviste, a prise sur les populations slaves de la bordure orientale de l’Autriche. Il y a de l’agitation parmi les Tchèques de Bohême, et les conflits de race et de langue viennent de produire quelques troubles peu graves à Prague. C’est là une cause d’antagonisme entre la Russie et la monarchie autrichienne ; mais cette difficulté est repoussée dans l’avenir par la contenance pacifique qui vient de prévaloir à Pétersbourg.

L’Italie demeure toujours assiégée de difficultés ; elle reprend cependant quelque calme et du sang-froid sous le ministère sensé du général Ménabréa. Le président du conseil italien doit trouver un concours toujours plus ferme auprès des vrais patriotes. Il a obtenu un témoignage de confiance de la part du souverain par la nomination de M. Gualterio au ministère de la maison du roi ; il a reçu de la chambre une manifestation favorable par le vote qui a déjoué une tactique de la gauche à propos du douzième provisoire du revenu, tactique par laquelle la gauche voulait contraindre le gouvernement à dissoudre la chambre et à faire des élections générales. L’amélioration des choses pour l’Italie va dépendre du caractère de ses relations avec la France. Nous croyons que les intentions de la politique française sont bienveillantes pour l’Italie. Nos sympathies n’abandonnent point l’unité italienne, et nous pensons que notre gouvernement désire mettre fin à son intervention dans l’état romain. Il faudrait qu’à force de bon sens et de modération on trouvât un moyen accepté des deux parties, un modus vivendi qui rendît supportables les relations entre la cour de Rome et le gouvernement italien. Peut-être les idées d’un arrangement ne sont-elles point encore assez mûries et n’est-il pas temps encore de dresser le programme qui permettrait à la papauté et à l’Italie de vivre ensemble sans se provoquer mutuellement et sans se heurter. Quoi qu’il en soit, nous persévérons à croire pour notre compte que l’expérience démontrera de plus en plus chaque jour la contradiction entre le véritable intérêt des croyances catholiques et la conservation du pouvoir temporel. Le pape Pie IX, si agité qu’ait été son pontificat, n’est point le premier