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LES
ETATS DE BRETAGNE

VIII.
LE PROCUREUR-GENERAL DE LA CHALOTAIS.

Il est pour les hommes parvenus à la renommée un moment solennel, c’est celui où le flot qui les a portés sur les hauteurs se retire, laissant leur mémoire en présence d’une génération étrangère aux idées et aux passions qu’ils ont servies. On est amené à se demander alors ce qui survivra pour la postérité des choses accomplies au bruit d’applaudissemens éteints dans un silence éternel, et ce qu’ils penseraient de leur œuvre, s’il leur était donné de là contempler par les yeux de leurs petits-fils. En se plaçant à ce point, de vue pour juger les opinions et les actes du procureur-général de La Chalotais, on arriverait à constater un désaccord à peu près constant entre l’objet de ses poursuites et le résultat de ses efforts. Le magistrat qui porta aux jésuites un coup réputé mortel les retrouverait au milieu de nous placés sous l’inviolable égide de cette liberté de conscience profondément antipathique à l’ancienne magistrature française. Janséniste, mais chrétien convaincu, il ferait peut-être élever ses enfans par les hommes qu’il proscrivit ; homme d’un grand goût, malgré son Essai d’éducation nationale, qui se résumait dans l’immolation des études littéraires aux études mathématiques, il