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d’air; il nous faudrait préalablement faire une dépense pour le réchauffer lui-même.

Serrons maintenant le phénomène d’un peu plus près pour en faire sortir l’enseignement qu’il peut nous donner. Et d’abord la dilatation de l’air qui a lieu au début de la période donne un travail d’autant plus considérable que la température initiale est plus élevée; au contraire la compression qui se produit ensuite exige un travail d’autant plus faible qu’elle a lieu à une température plus basse. Nous voyons donc que le rendement de la machine est proportionnel à la différence des températures extrêmes entre lesquelles elle travaille. Ce n’est pas tout. Nous touchons à une expression plus précise de ce rendement. Considérons l’air qui, chauffé à 250 degrés dans l’exemple que nous avons pris, commence à se dilater. Cet air travaille aussi longtemps qu’il se dilate. Dans la pratique, il arrive une limite où nous sommes obligés d’arrêter ce mouvement : c’est alors que nous refroidissons le gaz pour nous préparer à le comprimer; mais faisons pour un instant une supposition tout à fait utopique, imaginons que cette limite soit indéfiniment reculée, supposons que nous puissions atteindre le point où le gaz perdrait toute sa force élastique. Les physiciens se sont habitués depuis quelque temps à considérer cet état d’un gaz, état dont on ne peut pas même approcher dans la pratique, mais qui constitue une sorte de situation idéale dont la théorie tire grand parti. Voilà donc notre gaz parvenu à cette pression nulle. Nous supposerons alors que la température est abaissée à ce point que les physiciens appellent aussi le zéro absolu, c’est-à-dire à 273 degrés au-dessous du zéro de notre thermomètre centigrade. Dans cette position, les molécules du gaz étant absolument privées de toute force intérieure, le gaz étant comme mort, l’on peut le ramener à son volume initial sans dépenser aucun travail. Dans la période idéale que nous pouvons ainsi imaginer, toute la chaleur que l’air contiendrait au départ se convertirait en travail. On peut donc dire, en sachant bien qu’il s’agit là d’une conception utopique, qu’une machine dont le jeu s’étendrait jusqu’au zéro absolu de température, utiliserait la totalité de la chaleur du gaz, laquelle d’ailleurs est proportionnelle à la température absolue de la source la plus élevée. Dans une machine réelle, l’air ne descend pas au-dessous d’une certaine température, celle de la source froide, et cette source reçoit alors une quantité de chaleur proportionnelle à sa température absolue. La chaleur puisée à la source supérieure et la chaleur versée dans la source inférieure sont donc respectivement représentées par les températures absolues de ces deux sources. C’est la différence de ces deux quantités de chaleur qui