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nom de transformations, et l’un appelle l’autre dans une proportion déterminée. Les indications qui précèdent nous permettent d’ailleurs de présenter le second principe de la thermodynamique sous une apparence tout à fait semblable à celle qu’affecte d’ordinaire le premier principe. Ce premier principe, c’est l’équivalence de la chaleur et du travail; le second s’appellera équivalence des transformations. On aura ainsi sous une forme symétrique les deux colonnes sur lesquelles peut s’édifier la théorie mécanique de la chaleur.


IV.

Mais, dira-t-on, si dans l’ensemble de l’univers les transformations s’équivalent, c’est donc que tout revient au même. Des changemens ont lieu tantôt dans un sens, tantôt dans le sens contraire; ils se compensent en somme, et l’état général demeure immuable. Est-ce là l’idée que nous devons nous faire de l’univers? Ici vient se placer une réserve importante que nous avons plusieurs fois formulée, et qui se trouvait d’ailleurs implicitement contenue dans les raisonnemens par lesquels nous avons établi la loi de l’équivalence des transformations. Nous n’avons considéré que des phénomènes réversibles, c’est-à-dire des phénomènes déterminés par une variation graduelle dans de telles conditions que, si la variation se reproduit en sens inverse, le phénomène lui-même se reproduit inversement. Voilà la convention que nous avons faite, et qui, proclamée ou non, a dominé nos recherches. Il faut maintenant nous affranchir de cette convention, si nous voulons arriver à une vérité qui embrasse l’ensemble des phénomènes naturels. En effet, tout n’est pas réversible dans la nature, comme on peut se l’imaginer et comme on va le voir d’ailleurs par quelques faits particuliers.

Reprenons l’exemple d’un gaz parfait qui change de volume, dont la disgrégation augmente. Il peut se faire que ce gaz se dilate en triomphant à chaque instant d’une pression extérieure assez forte pour qu’il puisse tout juste en triompher. Les deux forces qui agissent en sens contraire sont ainsi à chaque instant égales l’une à l’autre, ou du moins l’excès de l’une sur l’autre est si faible qu’il peut être négligé. Dans un pareil état de choses, en vertu de l’espèce d’équilibre qui résulte de cette circonstance, on conçoit que l’action inverse se produise tout comme l’action directe ; le gaz pourra être comprimé à chaque instant sous l’action de cette même force extérieure dont il a triomphé en se dilatant. Ce mode de dilatation du gaz est réversible; mais le gaz peut se dilater autrement. Supposons qu’il soit enfermé dans un vase clos, et que