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tout à coup, en ouvrant un robinet, on le mette en communication avec un autre vase dans lequel on a fait le vide; c’est là, comme on sait, le principe d’une expérience célèbre de M. Joule. Le gaz va remplir le second vase jusqu’à ce que la pression y soit la même que dans le premier. Il y arrive sans avoir eu à vaincre aucune pression, et pourtant, quand nous voudrons le comprimer de manière à le ramener entièrement dans le récipient primitif, il nous faudra nécessairement faire usage d’une pression extérieure. Voilà un second mode de dilatation qui n’est pas réversible. Comparons maintenant ces deux modes de dilatation. Dans un cas comme dans l’autre, le volume du gaz augmente; il y a donc, dans le langage que nous avons précédemment institué, accroissement de disgrégation ou transformation positive. Dans le premier cas, l’augmentation de volume est accompagnée d’un travail (d’une consommation de chaleur par conséquent) qui est une transformation négative; nous sommes bien là dans les conditions de l’équivalence. Dans le second cas au contraire, le volume augmente; il y a une transformation positive sans qu’une transformation négative l’accompagne. Que se passe-t-il d’ailleurs, aussi bien dans le premier cas que dans le second, au moment où l’on comprime le gaz? Le gaz diminue de volume (phénomène négatif); mais alors le travail correspondant à la compression se retrouve en chaleur (phénomène positif). Si nous rapprochons dans une vue d’ensemble les diverses circonstances qui viennent d’être examinées successivement, nous arriverons à formuler cette loi, qu’une transformation négative ne peut pas avoir lieu sans une transformation positive simultanée, mais qu’au contraire une transformation positive peut se produire toute seule.

Ce principe que nous venons d’établir en nous bornant à un ordre spécial de phénomènes se vérifie, si nous examinons les autre modes de transformation. La conversion de la chaleur en travail, phénomène négatif, ne s’obtient, nous l’avons vu dans les machines, qu’à l’aide d’une transformation positive, d’une chute de chaleur. On conçoit au contraire des cas où le travail se convertit en chaleur sans qu’on aperçoive une transformation négative comme compensation : c’est ce qui arrive par exemple quand une force est employée à vaincre un frottement; on voit la chaleur produite aux dépens du travail, et rien d’autre. Enfin nous avons à peine besoin de terminer cet examen en parlant de notre troisième ordre de transformations, du transport de chaleur. Faire remonter de la chaleur d’une source froide à une source chaude, c’est un phénomène négatif; vous ne pouvez le produire que si vous dépensez du travail, si vous convertissez du travail en chaleur, si vous faites par conséquent une transformation positive. Au contraire la chaleur passe d’elle-même d’un corps chaud à un corps froid; c’est là un