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demandez[1]. » Le comité ecclésiastique indiqué par les membres de l’officialité, et dont nous aurons plus tard à nous occuper, siégeait alors effectivement à Paris. Il était composé de son éminence le cardinal Fesch, président, du cardinal Maury, de l’archevêque de Tours, des évêques de Nantes, de Trêves, d’Évreux, de Verceil, et de l’abbé Émery, supérieur du séminaire de Saint-Sulpice. Conformément à la promesse faite par l’archi-chancelier, la question de la compétence de l’officialité diocésaine lui fut soumise, et le 2 janvier 1810 il décida qu’elle était en effet compétente. Cependant ni le cardinal Fesch ni l’abbé Émery ne donnèrent leur signature. Le premier avait cru ne pas devoir assister aux séances tenues à ce sujet par le comité, en raison sans doute de la bénédiction nuptiale qu’il avait donnée aux époux en 1804, ce qui le mettait personnellement en cause. Quant à l’abbé Émery, il n’y avait point paru non plus, soit qu’il n’eût pas été convoqué, soit plutôt qu’il eût pris sur lui de s’absenter pour demeurer étranger à la décision de cette délicate affaire. Muni de la déclaration de compétence qu’il avait exigée, et que lui avait apportée un sieur Guyeu, secrétaire de l’impératrice-mère, à qui Cambacérès avait donné mission de suivre et de presser l’expédition de la sentence diocésaine, l’officialité dut se mettre à l’œuvre ; mais beaucoup de documens essentiels lui manquaient encore. Dans l’entrevue dont nous avons déjà rendu compte, Cambacérès avait raconté aux membres de l’officialité comment le mariage avait eu lieu, à la veille du sacre, au milieu de la nuit, sans curé, sans témoin, dans la chambre même de l’impératrice. Ils avaient alors réclamé l’acte de célébration. — Il n’y en a point, avait répondu le chancelier, ce qui était faux, car cet acte avait été dressé et délivré par le cardinal Fesch à Joséphine, qui l’avait depuis ce temps gardé précieusement dans sa cassette, et ne l’avait remis qu’après beaucoup d’hésitations et de larmes à ses enfans, le prince Eugène et la reine Hortense, chargés par l’empereur de le lui redemander et probablement de le détruire[2]. Ils avaient insisté pour avoir au moins l’acte de baptême de l’empereur. L’archi-chancelier ne l’avait pas davantage. « C’est pourtant une pièce qu’il nous est prescrit de nous procurer. — Je ne puis vous la procurer ; mais je l’ai vue, et il me semble que la parole d’un prince doit vous suffire ; » puis il avait ajouté : « Nous désirons que cette affaire se termine promptement, et avoir le plus tôt possible la décision du tribunal. — Monseigneur, lui avait-il été répondu, cette affaire doit pourtant être instruite et jugée comme

  1. Voyez les Pièces justificatives publiées à la suite de la Vie du cardinal Fesch, par l’abbé Lyonnet.
  2. Voyez M. Thiers, Histoire du Consulat et de l’Empire, t. XI, p. 353.