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BERTEL THORVALDSEN

Thorvaldsen, sa Vie et son Œuvre, par M. Eugène Pion. Paris 1867.

Parmi les artistes dont les travaux appartiennent à la première moitié de ce siècle, il n’en est guère de mieux recommandés par leur nom, de plus généralement connus que Thorvaldsen. A ne parler que des sculpteurs, aucun depuis Canova n’a obtenu autant de faveur auprès de ses contemporains, ni laissé après lui une mémoire aussi populaire au-delà des frontières de son pays. En France comme ailleurs, la gloire du sculpteur danois est unanimement acceptée, et cependant combien d’entre nous n’ont jamais eu l’occasion d’apprécier de leurs propres yeux les œuvres qui la justifient ! Un buste colossal de Napoléon Ier dans la salle du trône, au palais des Tuileries, voilà le seul marbre sorti de l’atelier du maître que l’on conserve à Paris. Pour tout le reste, c’est-à-dire pour plusieurs centaines de monumens funéraires ou héroïques, de statues ou de bas-reliefs ornant les églises, les places publiques, les palais des principales villes de l’Europe, on est réduit ici à n’en juger que sur deux ou trois spécimens reproduits tant bien que mal par les graveurs de vignettes.

Il y a près de vingt ans toutefois, une tentative fut faîte pour fournir au public français des renseignemens plus sérieux. Sous l’administration de M. Dufaure, alors ministre de l’intérieur, le directeur des beaux-arts se rendit à Copenhague avec la mission de choisir, parmi les ouvrages de Thorvaldsen mis en vente à titre de doubles, ceux qui lui paraîtraient les plus dignes de figurer dans nos collections nationales. Aucune statue en marbre ne put être