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n’y avait que trois trimestres à payer la première année, ce qui procurait au trésor le bénéfice d’un trimestre, soit environ 36 millions. Voilà certes de l’habileté, à ne considérer que le présent ; mais en somme qu’avait fait M. Fould ? Il avait battu monnaie en aliénant la faculté de réduire plus tard le taux des rentes : n’était-ce pas encore un escompte de l’avenir, un quasi-emprunt ?

L’abîme des déficits restait béant : qu’y va-t-on jeter encore pour en diminuer les profondeurs ? Depuis la restauration des Bourbons espagnols, entreprise par les Bourbons de la branche aînée en 1823, la France avait fait régler la facture, mais elle avait dédaigné de l’envoyer. Le compte, arrêté à 80 millions quarante ans auparavant, s’était élevé par les intérêts à 117,415,865 francs. On donna quittance en 1863 pour 25 millions net. — Vers la même époque, on relève le taux des cautionnemens et on en demande à de nouvelles catégories d’employés, si bien que le capital à la disposition du gouvernement, qui était en 1852 de 234 millions comportant 7 millions d’intérêt, monte actuellement à 296 millions, dont l’intérêt à servir est de 8,700,000 francs. Encore une sorte d’emprunt d’environ 62 millions à inscrire au passif de l’empire. — Un reliquat d’obligations trentenaires destiné à solder les subventions promises aux compagnies de chemins de fer existait dans le portefeuille du trésor, représenté depuis la conversion par une rente de 1,429,620 fr. 3 pour 100. On imposa aux compagnies un arrangement nouveau, aux termes duquel les subventions devaient être acquittées en quatre-vingt-douze annuités. C’était encore une manière d’emprunter, puisqu’on répartissait sur près d’un siècle un paiement qu’on aurait pu faire immédiatement. La rente de 1,429,620 francs, devenue disponible, fut aussitôt envoyée à la Bourse ; on en tira un capital de 32,021,168 francs, qui furent, suivant la formule consacrée, appliqués à l’atténuation des découverts. — Le gouvernement possédait encore, jusqu’à concurrence de 29,530,110 francs, des créances sur quelques compagnies, mais à de si longues échéances qu’il n’était guère possible de les réaliser. En vertu d’un article inséré dans le dernier contrat passé avec ces compagnies, les anciens titres de créance furent échangés contre des obligations nouvelles après déduction des escomptes, qui, portant sur un terme d’environ trente années, ne montèrent pas à moins de 13 millions. En définitive, l’état encaissa immédiatement une somme de 16,740,442 fr. — On essaya encore de battre monnaie en vendant des immeubles domaniaux, tels que les terrains de l’ancien port du Havre et les plantations résineuses opposées, sur nos côtes, aux invasions de l’océan : les acquéreurs firent défaut, la vente ne produisit pas même 11 millions. — Ces réalisations exceptionnelles, jetées dans la