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sous ce rapport dans les mêmes conditions que les simples particuliers : il est rate-payer (contribuable), et comme il a de grands domaines à protéger, des édifices qui réclament une surveillance très active, c’est aussi lui qui débourse la plus forte somme ; Voilà, si je ne me trompe, une manière nouvelle de comprendre la part du lion : on n’en tolérerait pourtant point une autre au-delà du détroit. Les administrations du gouvernement, telles que l’amirauté, la trésorerie, l’hôtel des monnaies (mint), les établissemens publics, les musées, se considèrent comme les cliens (customers) de la police métropolitaine, et louent chaque année ses services pour un prix convenu[1]. S’il en est ainsi des grandes institutions de l’état, à plus forte raison doit-on s’attendre à ce que le crystal palace, les théâtres, les salles de concert, achètent de leurs propres ressources la protection particulière de la force publique. Toute société industrielle, toute maison de banque ou de commerce qui croit avoir intérêt à s’entourer d’une vigilance spéciale peut obtenir dans certains cas des constables des sergens et même des inspecteurs à son usage ; mais il lui faut subir les charges de ce contrat. Quelques établissemens ont même une police à eux. Certaines compagnies de chemins de fer, par exemple, engagent à leurs frais un nombre d’hommes qu’elles couvrent d’un uniforme et auxquels, est confié le soin de maintenir l’ordre dans l’enceinte des bâtimens ou sur le parcours de la ligne. De pareils gardiens doivent, il est vrai, être tout d’abord examinés par les commissioners de Scotland-Yard, qui s’assurent ainsi de leurs capacités. Ils prêtent ensuite serment, et ceci fait, ils se trouvent revêtus des pouvoirs d’un constable ordinaire. Seulement leur juridiction est toute locale. Sortent-ils du chemin de fer ou des limites de l’établissement qui les emploie leurs fonctions cessent aussitôt, ils redeviennent de simples citoyens.

De même que chaque contribuable sait ce qu’il paie à l’administration de Scotland-Yard ; il sait aussi à un denier près l’usage que l’on fait de son argent. Tous les ans, sir Richard Mayne publie le compte exact de ses recettes et de ses dépenses. Pas de fonds secrets, tout à livre ouvert. Au chapitre des recettes figurent les contributions de chaque paroisse et de chaque village, les sommes versées par les établissemens publics ou particuliers pour s’assurer les avantages d’une surveillance distincte et aussi le chiffre des diverses amendes prononcées pendant l’année par les treize cours de police métropolitaine contre une certaine classe de délinquans. D’un autre côté, les frais de bureau et d’équipement, le traitement

  1. En 1863, le British Museum payait à la police 822 livres sterling par an, l’hôtel des postes 354, la galerie de tableaux (National Gallery) 524, et l’hôpital de Greenwich 1,288.