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sucre. On peut répéter l’opération, purger encore de sucre le tissu hépatique et observer ensuite une nouvelle saccharification. Dans ces épreuves, on voit bien le sucre se produire sans l’intervention des conditions vitales; l’amidon animal créé pendant la vie se transforme en dextrine et en glycose sous l’influence de l’humidité, de la température et des matières diastasiques qui l’environnent. On peut paralyser cette action en détruisant la diastase par la cuisson ou en abaissant fortement la température ; mais, si les conditions chimiques restent convenables, la formation sucrée continue jusqu’à ce qu’elle ait épuisé toute la provision de glycogène que le foie contenait au moment de la mort de l’animal. L’ensemble de ces faits distingue aussi nettement que possible la sécrétion vitale d’où naît le glycogène et le mécanisme chimique qui transforme ce glycogène en sucre.

Nous venons d’exposer la théorie de la formation du sucre telle qu’elle résulte des travaux de M. Claude Bernard; on prétend maintenant, à la suite de recherches plus récentes, que le foie n’est pas seul à fabriquer du glycogène et que ce produit naît dans plusieurs organes. On ne va pas cependant jusqu’à contester que le foie soit un des centres importans de la fabrication glycogénique. Hâtons-nous donc de lui reconnaître cette propriété pendant qu’il en est temps encore; on va peut-être bientôt changer tout cela.

Quoi qu’il en soit, la découverte de la glycogénie hépatique a eu dans les études physiologiques une haute importance. Cette production spontanée d’un amidon que les animaux sécrètent comme font les végétaux était un fait nouveau. Pour la première fois on voyait se former dans l’organisme animal ce que la chimie appelle un principe immédiat. C’était aussi une heureuse circonstance que d’avoir pu suivre les modifications chimiques de ce principe, et l’on avait là un type et une méthode pour une série de recherches nouvelles. Il y a encore bien des conquêtes à faire sur ce terrain, car il existe nombre de glandes, telles que la rate, le corps thyroïde, les capsules surrénales, les glandes lymphatiques, dont les fonctions demeurent indéterminées. On a fait en vain beaucoup de tentatives pour leur assigner un rôle précis, soit dans la composition du plasma sanguin, soit dans la formation des globules rouges ou des globules blancs.


IV.

La nutrition se fait au moyen du sang; c’est ce liquide qui, une fois élaboré par l’organisme, sert lui-même à nourrir les différens élémens histologiques. Sur le détail, sur les modes particuliers de cette nutrition, on sait peu de chose. On peut dire seulement, et