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Passons au budget des recettes. Il se distingue par une tentative qui aurait de grands avantages, si elle pouvait être appliquée généralement. M. de Lonyay a essayé d’établir une correspondance entre les recettes et les dépenses auxquelles elles sont affectées; mais un grand nombre d’articles ont échappé à cette règle, car il y a toujours beaucoup de recettes sans affectations spéciales, et beaucoup de dépenses qui ne correspondent à aucune rentrée. L’impôt hongrois est divisé, comme le nôtre, en contributions directes, contributions indirectes, et revenus provenant des domaines, des monopoles ou des services exploités par l’état. Dans un pays essentiellement agricole, la principale source de la fiscalité est l’impôt sur la terre. Ne pouvant pas rompre brusquement avec les traditions, M. de Lonyay a dû se servir des anciennes estimations cadastrales, qu’il sera sans doute nécessaire de réviser. Si nous comprenons bien les indications données par le ministre, le revenu net des terres en culture serait évalué sur le pied de 13 francs l’hectare en Hongrie, de 10 francs 83 cent, en Croatie et de 5 fr. 40 cent, seulement en Transylvanie. La règle admise provisoirement, conforme aux traditions autrichiennes, serait une taxe de 22 pour 100 sur le revenu net, avec de très fortes atténuations en faveur de la Transylvanie. La propriété aurait en outre à fournir une cotisation de 8 pour 100 applicable au fonds spécial du dégrèvement féodal, de sorte qu’en définitive l’impôt à payer s’élèverait à 30 pour 100 en Hongrie et en Croatie, et à 21 pour 100 en Transylvanie. Tout le monde comprendra que les chiffres immuables du revenu cadastral sont des indications déjà anciennes et très inférieures à la réalité. Autrement la charge serait intolérable.

Comme on est entré dans une période d’abondance et d’incontestable prospérité, le ministre a cru pouvoir suspendre certains dégrèvemens consentis pendant une série d’années calamiteuses et dont les propriétaires s’étaient fait une douce habitude. Ces remaniemens ont porté l’impôt foncier à 87 millions de francs. La somme est d’autant plus forte qu’elle ne comprend pas, comme chez nous, les propriétés bâties. On a conservé pour celles-ci deux taxes d’invention autrichienne, l’une sur les maisons qui ne sont pas louées, l’autre sur les loyers : de ces deux taxes, on espère tirer près de 15 millions. L’impôt sur l’industrie personnelle, correspondant à notre taxe des patentes, est inscrit pour 18 millions et demi. La Hongrie enfin a de plus que nous l’impôt sur les revenus, qui atteint directement les rentes et valeurs mobilisées, y compris les obligations foncières émises pour le rachat des droits féodaux. La proportion admise est de 10 pour 100 sur le revenu déclaré et de 7 pour 100 seulement sur les créances féodales. Les