tale, » songèrent à se réunir à certain jour de chaque semaine pour
s’occuper de la science et s’isoler ainsi des événemens qui désolaient
leur patrie. Les premières assemblées eurent lieu à Londres, et
l’on y voyait l’illustre Robert Boyle, tout à la fois chimiste, physicien et vrai philosophe, Thomas Willis, l’auteur des premiers essais
dans cette branche de la science qu’on appellera dans la suite l’anatomie comparée, George Ent, l’énergique défenseur de la découverte
de Harvey, Francis Glisson, dont on cite aujourd’hui encore des
études anatomiques et de justes appréciations sur les propriétés de
la fibre musculaire. Les désordres populaires ayant obligé à sortir
de Londres tous ceux qui de près ou de loin semblaient tenir au
parti du roi, les membres de la nouvelle compagnie savante se transportèrent à Oxford. Ils restèrent dispersés pendant le protectorat
de Cromwell, et le silence se fit jusqu’au moment de l’élévation de
Charles II. Revenus à Londres en 1659, ils reprirent leurs assemblées comme autrefois dans le collège Gresham. Un nouvel accident
ne tarda pas à se produire : on s’empara du local ordinaire des
séances pour en faire une caserne. Définitivement constituée par
lettres patentes en 1660, la Société royale prit rapidement une importance considérable. Elle fut en grande partie redevable de ses
premiers succès au zèle de son secrétaire Henri Oldenburg, chargé
du soin de ses publications. Les mémoires de la Société royale de
Londres, commencés en 1665, ont paru régulièrement et presque
sans interruption jusqu’à nos jours. C’est une vaste et précieuse
collection qui s’accroîtra sans doute aussi longtemps que les sciences
seront cultivées en Europe. L’influence de la Société royale de Londres a été immense dans la seconde moitié du XVIIe siècle, et cette
influence s’est exercée sur la marche de toutes les sciences. La Société royale, entretenant des correspondances actives, attirait à elle
les travaux des savans étrangers, et leur donnait une publicité dont
beaucoup d’entre eux auraient été à jamais privés. Elle a puissamment encouragé les premiers observateurs au microscope. L’intérêt
qu’elle a témoigné à Leeuwenhoek en particulier a été certainement
la cause d’une grande partie des découvertes du véritable père des
études micrographiques.
L’académie des Lyncées n’avait pu disparaître sans laisser des regrets à la plupart des savans italiens. Aussi dès l’année 1651 une nouvelle académie fut fondée à Florence par des élèves de Galilée. Les mêmes idées n’avaient cessé de régner; il s’agissait toujours de se vouer à l’exploration de la nature. La nouvelle compagnie reçut un nom qui en exprimait clairement la tendance, elle s’appela l’Accadenua del cimento, l’académie de l’expérience. Dans les premiers temps, cette association, à laquelle appartenaient Redi, illus-