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paquebot de Palerme tous les huit jours. Tous les quinze jours, un vapeur faisait le tour de l’île. Une lettre pour Paris coûtait 30 sous ; aussi ne confiait-on jamais ses lettres à la poste, on les remettait aux capitaines ou aux matelots des bateaux à vapeur, qui les jetaient à la boîte à Marseille. Ce service, quoique frauduleux, se faisait très ponctuellement ; de plus, — avantage précieux, — les lettres n’étaient pas ouvertes. Le télégraphe dans le midi ne fonctionnait guère que pour le gouvernement. Une dépêche mettait souvent plus de temps qu’un pli cacheté pour aller de Messine à Naples. Un télégramme envoyé d’un point à l’autre de la péninsule coûtait jusqu’à 20 francs. Peu ou point de phares sur les côtes méridionales, sauf devant la capitale et aux environs ; les marins devaient se fier aux étoiles. Les ports manquaient partout, la Sicile n’avait guère que celui de Messine qui offrît un refuge sérieux ; on ne pouvait sans danger par les mauvais temps aborder à Palerme ou à Catane. Brindisi ne présentait aux vaisseaux qu’un banc de sable. Quand soufflaient certains vents dans le petit port de Naples, les navires s’y entre-choquaient si fort qu’ils se hâtaient de prendre le large, ils se réfugiaient en pleine mer.

Maintenant les postes sont dignes d’un pays libre ; elles entretiennent une marine marchande de 50 vapeurs. Les courriers partent chaque jour dans toutes les directions, le nombre des bureaux a triplé, 75 millions de lettres et 53 millions d’imprimés ont circulé en 1866 dans la péninsule (la Vénétie non comprise). En 1866 également, les fils du télégraphe se développaient sur une longueur de 16,000 kilomètres. Une dépêche parcourt 100 kilomètres pour 22 sous, l’Italie entière pour le double de cette somme. Les cordons sous-marins qui relient les îles au continent et Otrante à Vallona attirent sur les lignes italiennes les correspondances entre l’Europe, l’Afrique et l’Orient. Le nombre des phares a presque doublé. Des stations météorologiques surveillent les côtes et transmettent partout d’utiles indications sur le temps qu’il fait et le vent qui souffle. Des centaines de millions ont été dépensés pour les ports. A Gênes, à Livourne, à Naples, à Ancône, à Ravenne, le nouveau régime a entrepris, continué ou achevé des travaux considérables. A la Spezia, l’arsenal maritime avance. C’est un établissement qui couvre un espace de 2 millions de mètres carrés.

Enfin l’attention du gouvernement s’est portée plus activement sur Brindisi, qui doit devenir la plus importante station de l’Adriatique. Cette ville est en effet fort heureusement placée sur le chemin de l’Orient. Quand l’isthme de Suez sera percé, les voyageurs, les marchandises venant de l’Australie et des Indes et tenant à prendre le plus court pour arriver dans l’Europe occidentale,