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lesquelles cette morale était fondée. Chaque race d’hommes prend de la religion ce qu’elle est capable d’en prendre : — aux uns la métaphysique avec les symboles et les rites sublimes qui en découlent, c’est ceux-là que Jésus appelait « les fils de la lumière ; » aux autres l’anthropomorphisme sans raison, les figures d’animaux sacrés et les allégories sacerdotales, à d’autres les superstitions et les cultes barbares. Il existe encore aujourd’hui sur la terre assez de représentans des races infimes qui n’ont reçu l’influence d’aucune religion supérieure pour que nous puissions juger ce dont elles sont capables. L’Afrique et le Nouveau-Monde en renferment. La salle des Missions évangéliques à l’exposition de 1867 offrait réunis de précieux spécimens de leurs divinités ; mais elle montrait aussi des dieux symboliques d’origine aryenne transformés par les hommes de couleur du sud de l’Asie et des îles de l’Océan. Il eût été juste que les zélés auteurs de cette collection réservassent une place aux figures sacrées du christianisme telles que ces mêmes populations les ont faites. La religion n’y aurait rien perdu ; la science y pouvait gagner quelque chose.

Les voyages et les livres nous en ont assez appris pour qu’il soit possible aujourd’hui d’affirmer que toute religion transportée chez un peuple de race inférieure y subit une déchéance, qu’elle n’exerce sur lui qu’une action incomplète, parce que ce peuple ne prend d’elle que ce dont sa propre nature est capable : tout le reste demeure au-dessus et par conséquent en dehors de son entendement. L’expérience démontre que les races humaines n’exercent physiquement et moralement les unes sur les autres que des actions superficielles et passagères dont l’effet ne tarde pas à disparaître quand la cause qui l’a produit est épuisée.

Parmi ces races, il en est une qui a joué dans l’histoire religieuse du monde un rôle important, le premier après la race aryenne : nous voulons parler des Sémites. Les savans qui se sont occupés d’anthropologie s’accordent presque tous à placer les Sémites entre les Aryas et les peuples jaunes : non que leurs caractères distinctifs soient un moyen terme entre ceux de notre race et ceux des Asiatiques orientaux ; mais, notablement supérieurs aux jaunes, ils présentent vis-à-vis de nous des différences qui ne permettent pas de les confondre avec les Indo-Européens. Le vrai Sémite a le cheveu aplati et par conséquent la chevelure crépue, le nez fortement courbé, les lèvres saillantes et charnues, les extrémités massives, le mollet exigu et le pied plat. Ce qui forme un caractère beaucoup plus important, il appartient aux races occipitales, c’est-à-dire chez lesquelles la partie postérieure de la tête est plus développée que la partie antérieure ou frontale. Sa croissance est très rapide, à quinze ou seize ans elle est terminée. A cet âge, les pièces