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tant d’une excellente méthode. L’enfant imite d’abord des lignes » puis une pointe, une épingle, un marteau, un verre : c’est seulement après ce dessin concret, dont les contours représentent quelque chose et qu’il apprend presque en se jouant à reproduire, que l’enfant est amené graduellement à retracer les signes abstraits dont les combinaisons hiéroglyphiques moulées forment les lettres, les syllabes et les mots de la langue qu’il doit apprendre. Ce livre, précieux au point de vue des résultats pratiques qu’on en peut obtenir, a son équivalent dans les écoles de l’Amérique ; nous ne sachons pas qu’on l’ait encore introduit chez nous en l’appropriant aux besoins de nos écoles.

Tels sont les procédés employés à l’égard des enfans pour les premières notions de dessin. Ils éveillent sans la fatiguer l’attention dont leur jeune intelligence est capable. Quant aux modèles, quant aux méthodes de dessin proprement dit, en Prusse comme presque partout ailleurs, tout est à réformer d’un bout à l’autre. On croirait à peine combien ont été peu récompensés les efforts prodigués depuis peu dans les grandes villes pour arriver à former sur les bancs des écoles populaires des dessinateurs industriels ayant le sentiment juste et la pratique habile de leur art. Les résultats sont jusqu’à présent médiocres et hors de toute proportion avec ce qu’on semblait en droit d’attendre de tant de volonté et de travail. En réalité, le dessin est peu connu, et presque toujours mal compris. On ne sait pas où l’on va ; on exerce la main de l’élève à l’imitation de modèles sans valeur, dont quelques-uns n’ont d’autre mérite qu’une tendance à ce style neutre, sec, sans accent et sans caractère qu’on a bien à tort appelé classique ; on le rebute bientôt par un enseignement si pauvre et si mesquin. Au contraire de ce qui se passe ordinairement dans les écoles de France, où l’on est exposé à comprendre beaucoup mieux la forme que le fond des choses, l’enfant allemand sait bien ce qu’est l’objet qu’il essaie de figurer ; mais la forme exacte lui reste le plus souvent lettre close. De petits traits maigres à la mine de plomb, presque sans ombre, surtout sans vérité de lignes, bien que le contour soit toujours très serré, sec et pointu, de petits oiseaux, de petites fleurs, de petits arbres, voilà ce que nous avons vu. Cela n’apprend que peu de chose à l’enfant, et ne représente en réalité que du temps mal employé.

Les écoles communales du dimanche sont ouvertes aux artisans qui veulent acquérir quelque instruction. Le programme du cours comprend le dessin d’imitation, le dessin linéaire, la perspective, la copie de modèles « variés suivant la profession qu’exerce l’élève, » enfin l’exécution de projets indiqués par les professeurs. Ce programme est excellent, il est meilleur que la mise en œuvre. La