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dans le sens que nous lui donnons en France, — et dans les villages. On leur demandait simplement de permettre que les écoles fondées par elles fussent visitées par les inspecteurs et les examinateurs de Kensington. Dès que les sociétés acceptent ces conditions, elles reçoivent de plein droit des subventions assez considérables, dont le chiffre augmente ou diminue suivant que les progrès réalisés par les élèves sont jugés plus ou moins satisfaisans. De la sorte, les comités des villes n’abandonnent que ce qu’il leur convient de leur action propre, et l’effort du comité central se réduit à faire agréer ses services, à mettre à la disposition des sociétés les professeurs dont lui-même a fait l’éducation dans ses écoles d’art et dans son école normale de South-Kensington, national art training-school.

C’était, on le voit, placer à côté de la plus élémentaire instruction pour les enfans et pour les adultes une sorte d’enseignement supérieur facultatif. L’état assumait de son plein gré une bonne partie des frais nécessaires pour ce dernier, certain d’être amplement dédommagé par l’accroissement de richesse qu’il devait retirer de la plus-value probable des produits de l’industrie nationale. C’était faire appel, tant pour les particuliers que pour les villes, au bon sens pratique, à l’intérêt bien entendu. Les ressources qu’on met à leur disposition ne concernent pas l’art seulement. Les sciences sont représentées à South-Kensington et y reçoivent aussi des encouragements. Nous omettons volontairement ce côté de la question, pour n’envisager que celui qu’en Angleterre on jugeait alors le plus important. Toutefois le grand catalogue des livres de sciences recommandés par le comité de South-Kensington, les cours qui sont faits dans l’intention d’aider au progrès des sciences, mériteraient mieux qu’une mention rapide.

Dès l’exposition de 1855, l’Angleterre put apercevoir le chemin qu’elle avait parcouru en quelques années et prendre une idée de ce que l’avenir lui réservait, si elle continuait quelque temps encore à marcher du même pas. L’industrie française fut tirée violemment et comme en sursaut de ce sentiment de douce quiétude dans lequel elle se reposait sur la foi des aveux arrachés en 1851 à ses concurrens. A son tour, elle poussait le cri d’alarme. « En dehors de la France, de grands progrès ont été accomplis dans les pays étrangers, notamment en Angleterre, disait le rapport de M. Du Sommerard ; les produits anglais sont d’une sobriété d’ornemens tout à fait digne d’éloges. » — « Il ne faudrait pas, reprend sept ans après M. Mérimée, se faire d’illusions ni s’endormir dans une sécurité trompeuse… Des progrès immenses ont eu lieu dans toute l’Europe, et, bien que nous ne soyons pas demeurés stationnaires, nous ne pouvons nous dissimuler que l’avance que nous avions prise