Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a diminué. L’industrie anglaise a fait depuis dix ans des progrès prodigieux. La situation est grave, même menaçante ; elle appelle de prompts remèdes. » Comment un aussi énorme intervalle avait-il été franchi en si peu de temps, et comment se faisait-il que nous fussions maintenant suivis de si près ? Les membres du jury ont répondu d’un commun accord : « C’est l’école de South-Kensington qui a fait cela. » South-Kensington avait en effet étendu le réseau de ses bienfaits sur tout le royaume-uni. South-Kensington était le centre d’où partait le mouvement, et l’affluence de ceux qui s’y rendaient était assez grande pour que le comité dût songer à rendre les communications plus faciles en établissant des embranchemens avec les principales voies ferrées qui aboutissent à Londres. Ces progrès avaient été réalisés en moins de dix ans.

Aujourd’hui, environ 150 écoles principales, rattachées à une vingtaine d’écoles succursales, sont en rapports constans et directs avec le comité du conseil de Kensington. Certaines villes dont la population est cependant peu nombreuse se sont signalées par la quantité d’élèves qui fréquentent ces écoles. Les instituts ouvriers, où se font des conférences sur tous les objets qui concernent les arts manuels, ne suffisent pas. Hommes et enfans sont avides d’apprendre. Les cités manufacturières sont, comme on le doit penser, en tête de ce mouvement. Birmingham, qui compte près de 300,000 habitans, dont l’école date de 1842 seulement, possédait en 1867 plus de 1,000 élèves recevant une éducation spéciale de dessin. Bristol, avec moitié moins d’habitans, a 300 élèves d’art, tandis que les écoles ordinaires en ont près de 3,000. Dublin a 500 élèves d’art sur près de 3,000 écoliers et sur 250,000 habitans. Liverpool, presque deux fois aussi peuplée que la capitale de l’Irlande, possède deux écoles de dessin une pour chaque district, et voit plus de 1,100 élèves y prendre place pour participer à l’enseignement qu’on y donne. Londres enfin, sur une population de 3 millions d’habitans, a dans ses 10 écoles de dessin près de 3,000 élèves. Encore laissons-nous de côté dans notre résumé l’école d’art pour les femmes, celle de Bloomsbury, qui est suivie par 150 élèves. Une paroisse de 5,000 âmes, Henley, a près de 50 élèves ; une autre, Weston-super-Mare, ville de 8,000 âmes, en a près de 80. Peut-être ces chiffres, que nous regardons comme considérables, paraîtront-ils au premier abord à peine dignes d’être signalés, et sembleront-ils loin d’être en rapport avec les résultats constatés. Il est certain que Paris, par exemple, mis en parallèle avec Londres, présente une population beaucoup moindre et un nombre d’élèves fort supérieur ; mais il est juste de dire que de l’autre côté du détroit l’institution est toute nouvelle, que la France a précédé