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l’Angleterre d’un siècle environ pour la fondation des écoles gratuites de dessin, qu’à Londres même les plus anciennes écoles primaires de ce genre sont de création récente, puisque ce n’est qu’en 1842 qu’on a pensé à les relier ensemble par une direction centrale.

Il n’est pas sans ; intérêt de chercher comment s’organisent ces écoles, comment elles fonctionnent, et de les comparer aux nôtres. Leurs règlemens sont fort différens de tous ceux que nous avons adoptés jusqu’ici. Une somme annuelle est votée par le parlement et administrée par le ministère de science et d’art. « Une partie de cette somme est employée à répandre et à perfectionner les études concernant les arts dans le royaume-uni. » Ce qu’on a surtout en vue d’encourager et de faire avancer, c’est le dessin, la peinture, le modelage, dans leurs rapports avec les besoins des manufactures et des classes industrielles. Les inspecteurs font connaître chaque année l’état de cet enseignement spécial, les résultats acquis, les plaintes, les lacunes ; ils transmettent tout. Ils s’expriment avec une entière franchise, sans être arrêtés, quand il s’agit de mettre le mal en évidence, par la crainte assez peu fondée de faire rejaillir sur tout le département le blâme qui ne doit retomber que sur quelques agens. La presse, les chambres de commerce, les familles, les intéressés, quels qu’ils soient, puisent largement dans ces répertoires d’informations, qu’on ne refuse à personne, et qui forment chaque année presque un volume. Celui de ces documens qui paraît à la fin de chaque année explique très nettement, sous la forme d’un rapport à la reine, les développement et les limites de l’institution. Le sommaire indique ce qu’on se propose : c’est « d’élever le niveau de l’enseignement pour les artisans et d’aider les classes industrielles à s’instruire dans les branches de sciences et d’art qui touchent directement à leurs occupations. » Le programme ainsi défini n’est pas aisé à remplir. Il s’agit non-seulement d’élever à la notion élémentaire du beau l’enfant des écoles, la génération qui apprend encore, mais aussi l’adulte, qui n’apprend plus guère. Il s’agit de préparer des professeurs assez nombreux pour répondre à tous les besoins de l’avenir. Le comité subventionne donc l’enseignement du dessin, en ce qui concerne les élémens du moins, dans les écoles d’enfans pauvres, dans les classes du soir pour les artisans, dans les écoles spéciales de formation récente, enfin ; dans son école normale. Ici, on le comprend, l’enseignement devient plus élevé et plus complet.

Que sont les écoles des pauvre ? dans le royaume-uni ? Est-il nécessaire à l’enfant pour y être admis de présenter un bulletin qui certifie de l’indigence de ses parens ? Les formalités sont moins sévères ; le mot pauvre est entendu dans un sens plus large.