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Quiconque gagne sa vie par l’exercice de travaux manuels peut procurer à ses enfans dans les établissemens qu’on appelle écoles des pauvresse bienfait de l’instruction. Le département fournit les subventions à ces écoles. Il n’y met qu’une condition : le professeur doit avoir subi certains examens et reçu du département un certificat de deuxième ou de troisième classe. Quant aux villes dans lesquelles on commence à apprécier que des notions raisonnées de dessin peuvent être bonnes à vulgariser, soit au point de vue de l’industrie, soit à tout autre, le comité de Kensington vient également à leur secours. Il exige seulement qu’un comité local se mette en rapport avec lui. Il ne consent point à correspondre avec les professeurs, et ne traite qu’avec les secrétaires choisis par le comité local. Il fournit à la ville qui en fait la demande, afin de lui faciliter l’acquisition de bons modèles, des secours en argent qui peuvent s’élever jusqu’à 50 pour 100 du prix d’achat. Le comité estime en effet que les modèles qui manquent presque partout aussi bien en France qu’en Angleterre, sont un des élémens principaux du succès pour les écoles de ce genre. À ces subventions, dont on comprend parfaitement l’efficacité, s’en joignent d’autres qui risqueraient de paraître en France un peu singulières. Le comité de Kensington paie aux écoles de province 1 franc 20 centimes par élève qui reçoit l’enseignement du dessin, le double de ce prix, si l’enfant a tiré profit de cet enseignement, le triple, si l’examen qu’on lui fait passer est excellent. Ces sortes de primes ont toujours en raison directe des résultats obtenus. On le voit, les moyens mis en pratique, et dont on poursuit avec ardeur l’application, se ressentent du génie de la race, de l’esprit de ceux qui ont senti la nécessité et conçu l’idée de cette éducation spéciale. Ils nous paraissent en définitive empreints d’un grand sens pratique, et doivent correspondre à la situation qu’on a entrepris de modifier rapidement. C’est là tout ce qu’on peut raisonnablement exiger, et il y aurait mauvaise grâce à ne cas constater dans quelle mesure ils ont réussi. On ne s’en tient pas d’ailleurs à ces paiemens en argent. Des prix sont donnés à l’enfant qui paraît justifier cette distinction. Ce sont des objets d’utilité plutôt que de luxe, des instrumens de dessin, des livres, des cartons. Les élèves devenus assez forts sont reçus élèves-maîtres, aspirans-professeurs. Aux examens de fin d’année, on distribue encore des primes.

Après les enfans, on s’est préoccupé d’enseigner le dessin aux hommes, et l’on a organisé à cet effet des classes du soir, généralement réservées aux adultes ; on a jugé à propos de ne pas accorder pour ces cours la gratuité complète, mais on a compris en même temps qu’on risquerait fort d’en éloigner beaucoup de travailleurs