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justement ce qui pourra nous renseigner avec le plus d’exactitude, c’est là que nous rencontrerons le plus sévère contrôle, et que les documens présentés mériteront la plus entière confiance.

Deux vitrines à châssis tournant renfermaient, en même temps qu’un choix des modèles proposés pour l’étude, les travaux des étudians, enfans ou adultes. Les modèles, empruntés aux œuvres des maîtres, n’avaient pas toujours été choisis d’une manière très judicieuse ; ils étaient souvent un peu compliqués, surchargés de lignes, de contours, de mouvemens et de couleurs, grave défaut pour des objets qui doivent être reproduits avec le moins d’écart d’interprétation possible. Quelques-uns ne sont que des photographies reprises au pinceau, et peu propres à servir de modèles directs et immédiats. Les modèles s’amélioreront sans doute avec le reste ; les rapports signalent la recherche de ce qui est sobre, harmonieux, sans prétention excessive à l’effet, sans usage abusif du noir et des ombres. Quant aux travaux des élèves, fort mêlés d’ailleurs, comme on doit l’attendre d’une exhibition sincère et consciencieuse, ils attestaient un travail bien dirigé. Or c’est ici le point capital. Une habile direction empêchera seule des hommes de bonne volonté incapables encore de discernement dans les choses d’art d’user leur temps et de perdre leur peine, de s’attarder à des détails mesquins, puérils, qui n’exercent ni le regard ni la main et n’exigent d’autre vertu que la patience. Une méthode rigoureuse et rapide est indispensable, si l’on veut apprendre le dessin à des hommes dont on ne peut exiger de grands efforts, et qui viennent s’asseoir sur les bancs d’une école aux heures du soir, leur journée finie. On l’a très bien compris en Angleterre. Quelques-uns des dessins sont d’un singulier mérite d’exécution, larges, précis et serrés. On ne peut pas dire cela de tous, sauf peut-être pour ces dessins de mécanique ou d’ornementation géométrique qui se tracent à la règle et au compas ; mais nous avons vu des figures humaines, de celles qu’on nomme des académies, esquissées avec beaucoup de vérité à la sanguine ou au crayon rouge, dans des attitudes diverses, en un nombre déterminé de minutes, d’après le modèle vivant. Cet exercice n’est bon, on n’en peut douter, que pour des élèves avancés déjà, car la première chose est d’apprendre a voir juste plutôt encore qu’à dessiner vite.

Tous ces travaux relèvent de la partie théorique de l’art ; mais d’autres moins remarqués et d’une utilité plus directe représentaient des meubles en bois, des bronzes, des fers forgés, reproduits avec un soin minutieux, ombrés au crayon ou lavés en couleur d’une seule teinte et rendant avec vérité les divers aspects des bois et des métaux. Les ornemens, les fleurs, les fruits, tout ce qui chez