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remboursement du fret, la perception des revenus et les profits réalisés entretiennent vis-à-vis d’elle des ouvertures continuelles de doit et d’avoir, tout le monde se trouvant en rapport avec ce grand pays, ce dernier sert de point de rencontre naturel à l’acquittement par compensation de la plupart des engagemens contractés.

Cette règle commence à recevoir certaines exceptions qui ne font que confirmer le principe. Du moment où un échange constant de produits, de capitaux ou de services s’établit entre deux pays, ils ne tardent pas à établir entre eux un change direct. C’est ce qui a eu lieu pour Java et la Hollande, pour Brème et New-York, pour Hambourg et Rio-de-Janeiro. Il y a peu d’années encore, les négocians de New-York tiraient sur l’Angleterre les effets destinés à solder le tabac expédié à Brême, tandis que les marchands de cette ville achetaient les traites du Holstein et des Pays-Bas, émises pour le paiement du bétail et du beurre envoyés en Angleterre. Aujourd’hui l’Allemagne vend aux États-Unis beaucoup de produits manufacturés, et l’on trouve sur le marché américain des acheteurs d’effets sur Brème ; on n’a plus besoin d’intermédiaire, car le coton et le tabac embarqués en Amérique servent directement à payer les produits allemands.

Il n’existe point encore de relations mutuelles et constantes entre l’Allemagne et Bombay, qui fait presque tous ses achats en Angleterre. Aussi les négocians de Bombay, ne rencontrant pas de marché suivi pour céder leurs traites sur Brème ou sur Hambourg, tirent sur Londres au compte allemand, et se remboursent ainsi de ce qu’ils ont vendu à la confédération germanique. Ils invitent de cette manière leurs créanciers anglais à se faire solder par leurs débiteurs allemands, qui rencontrent dans l’achat des effets sur Londres le meilleur moyen de se libérer. Ce que nous venons de dire de Bombay et de Brème se présente chaque jour pour des places nombreuses ; il naît ainsi une masse énorme d’effets qui circulent afin d’effectuer ces règlemens indirects. Londres les attire ; cette marchandise spéciale y afflue, comme toutes les traites se centralisent dans les lieux de grande consommation ; la métropole de l’Angleterre devient le clearing-house de l’univers, et liquide la plupart des opérations internationales. Tout le mouvement des échanges aboutit à Londres, comme au centre financier du monde.

Nous pouvons connaître l’origine des engagemens divers représentés par les lettres de change, la manière dont elles apparaissent. Nous savons comment ces titres fonctionnent jusqu’au moment où ils s’éteignent par voie de paiement ou de compensation. Il reste encore à mentionner une catégorie d’effets étrangers qui ne représentent point une dette, mais qui servent plutôt à contracter un