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l’autre l’argent, comme le font Londres et Hambourg, le change variera suivant le prix de. la marchandise-argent ou de la marchandise-or, et nous avons déjà dit pour quel motif une pareille fluctuation sera toujours très faible. Le cas des transactions entre deux pays, comme l’Angleterre et la France, dont l’un a une circulation d’or et l’autre une circulation combinée d’or et d’argent n’offre point de difficulté. Les variations dans le prix des effets de l’un sur l’autre pays ne s’éloigneront que peu de celles qui affectent les cours du change entre les pays qui usent du même métal ; elles dépendront de celui des agens de la circulation qui est commun aux deux pays, l’or. Un billet payable à vue à Paris ne peut pas être vendu plus cher que l’or que ce billet représente, en ajoutant les frais de transport et de commission pour l’expédition de cet or à Paris. Quand l’or ou l’argent obtient une prime dans un pays quelconque, cette prime ne peut s’ajouter au prix de l’effet qu’à une condition : c’est que la traite ne sera payable en aucun autre métal. Si le débiteur conserve le choix, il est certain que le billet sera payé dans la monnaie qui perd relativement à l’autre, et le prix de la traite ne pourra point monter en considération d’une prime qu’il ne saurait toucher. Les variations du cours du change rencontreront donc des limites aussi absolues que celles qui dominent les rapports entre deux pays dont la circulation est la même. On achète la lettre de change pour opérer une remise qui, quelle que soit la proportion momentanée entre le prix des deux métaux simultanément employés, se trouvera également accomplie. Dès qu’on connaît le mode d’action du change, on comprend facilement l’influence qu’il exerce sur le marché monétaire et sur l’émission des billets de banque. C’est cette influence que nous nous proposons d’examiner dans une autre étude.


L. WOLOWSKI, de l’Institut.