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la production cotonnière est restée développée dans les pays où elle avait reçu une grande extension, dans l’Inde par exemple, au Brésil et en Égypte.

La laine sert à fabriquer une grande variété d’étoffes, depuis les draps épais jusqu’aux mousselines légères. Les brins de différentes longueurs sont séparés les uns des autres par d’ingénieuses machines appelées peigneuses, dont le premier modèle est dû à un travailleur obscur, Heilmann, mort pauvre après avoir ouvert une voie féconde à l’industrie. Dans ces derniers temps, la cherté du coton d’une part et de l’autre les perfectionnemens de la mécanique industrielle ont fait employer la laine à la confection de mille tissus nouveaux. Les besoins croissans de l’Europe ont développé l’élève des bêtes à toison dans plusieurs pays qui, jusqu’à ces dernières années, n’avaient fait que de faibles envois sur nos marchés. On peut citer pour exemple l’Australie, la colonie du Cap et les pampas de la Plata. Les bêtes à laine sont d’importation récente en Australie. C’est au commencement d’e ce siècle qu’on y introduisit le premier troupeau; il se composait de huit animaux seulement, trois béliers et cinq brebis. La race ovine y est maintenant aussi abondante au moins qu’en France ; l’Australie fournit une laine fine, forte et très ductile. L’histoire de la production de la laine au Cap est à peu près analogue, mais le développement en est moins rapide et la qualité de la matière inférieure. Quant à ces rives de la Plata, où des bergers à cheval, les gauchos, font paître leurs moutons dans des plaines immenses, la production y est montée, entre 1859 et 1866, de 7 millions et demi de kilogrammes à 27 millions. Le principal obstacle qui s’opposait à l’emploi des laines de la Plata a été surmonté récemment. Les toisons enlevées aux bêtes qui paissent dans les pampas sont hérissées de graines plates à petits crochets ou graterons dont il est fort difficile de les débarrasser. Les diverses machines qu’on employait en Europe à cet usage avaient l’inconvénient de briser la laine et ne remplissaient d’ailleurs que fort imparfaitement leur office. Depuis fort peu de temps, on a reconnu que l’on peut, sans détériorer la toison, désagréger les graterons à l’aide de l’acide sulfurique et les réduire en une poussière facile à expulser.

Les perfectionnemens de détail introduits dans les procédés de filage et de tissage mécaniques sont un des principaux caractères que les délégués ouvriers signalent dans l’exposition de 1867. Au reste, ce n’est point seulement dans les industries textiles que s’améhore le travail mécanique, et l’on peut remarquer que les ouvriers, à peu d’exceptions près, ont dépouillé toute trace d’animosité contre les machines. Ils en parlent presque tous en termes fort