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fléau contre lequel se réunissaient d’ailleurs tant d’efforts intelligens. Ces manœuvres furent découvertes, et une répression rigoureuse les fit cesser. Il semblait donc que l’on dût avant peu avoir raison de ces épidémies, lorsqu’une maladie nouvelle, celle des morts-flats, fit son apparition dans les chambrées. Cette maladie est indépendante de celles que l’on connaissait déjà, mais elle exerce sur elles une influence aggravante. Une fatalité semblait s’attacher à l’élevage des vers à soie. L’épidémie des morts-flats était signalée, au mois d’avril 1867, par M. Pasteur comme une des causes des désastres de la sériciculture. M. Béchamp, qui en a fait une étude approfondie, la considère comme plus grave que toutes celles qui avaient précédemment sévi. Il l’attribue à la présence dans les œufs, les chenilles, les chrysalides, d’êtres microscopiques globuliformes doués de mouvement, et qu’il a désignés sous le nom de microzyma bombycis. Ce seraient, pense-t-il, des cellules végétales animées semblables à plusieurs fermens répandus dans l’air, et reconnaissables à ce que l’enveloppe qui les recouvre est insoluble dans une solution de potasse. D’après M. Pasteur, les corpuscules pourraient être rangés dans trois groupes. Il y aurait des vibrions très agiles, des monades et un ferment en chapelet, le bacterium termo. Ce qu’il y a de certain, c’est que les vers qui renferment ces infimes microzoaires ou mycrophytes ne mangent plus, tombent le long des claies, et meurent bientôt. Cette maladie est héréditaire. Souvent aussi elle s’attaque à des insectes sains. Il est possible que les fermens qui se développent en même temps que les vibrions dans le corps de la chenille soient une conséquence du trouble engendré par ceux-ci dans le jeu des organes.

Quelles que soient les origines primitives et les causes prochaines de ces épidémies, un fait ressort des investigations nombreuses auxquelles elles ont donné lieu. Le mal sévit bien plus énergiquement dans les grandes magnaneries que dans les petites. Il faut mettre à profit un tel enseignement, préparer la graine par des éducations restreintes, dans des lieux situés aussi loin que possible des points infectés. L’altitude paraît avoir une influence sur la contagion; on a cru remarquer qu’elle diminuait d’intensité à mesure que l’on s’élevait au-dessus du niveau de la mer. On a pu, grâce à ces remarques, proposer des palliatifs; mais le remède certain est encore à découvrir. Peut-être la maladie aura-t-elle disparu avant qu’on ait trouvé quelque moyen souverain pour la combattre. Elle entre maintenant dans une phase décroissante. Les nouvelles reçues d’Italie montrent que le rendement des vers à soie s’est relevé en 1868. Sur plusieurs autres points, l’intensité du mal commence également à