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ment et par toutes les combinaisons compatibles avec la liberté que les ouvriers peuvent arriver à obtenir les améliorations qu’ils désirent légitimement, qu’ils peuvent a leur tour entrer en possession de ce capital qu’on ne prend pas de vive force, parce que la liberté seule crée la confiance, et que la confiance est la condition première du développement du capital et du crédit. Au fond de ces vieilles erreurs qui se donnent pour des panacées souveraines, sait-on ce qu’il y a ? Une idée étroite qui ne tendrait à rien moins qu’à rétrécir la démocratie, à renverser les rôles et à faire des ouvriers une classe privilégiée, une sorte d’aristocratie étrange sous le nom de producteurs par excellence. Et sait-on enfin a quoi tout cela conduit ? À donner une idée fausse des vrais et sincères ouvriers à entretenir des guerres, des antagonismes que le sentiment d’un intérêt commun devrait faire disparaître, et surtout et donner des armes aux gouvernements qui se présentent tout à la fois comme les protecteurs des ouvriers contre les bourgeois et comme les préservateurs de la société contre les déchainemens populaires.

Dans le courant de la politique où tout se mêle et où tout passe, la mort frappe les hommes à l’improviste dans la plénitude de la force et de l’âge. M. le comte Walewski vient de s’éteindre subitement à Strasbourg au montent où il revenait d’Allemagne. Polonais d’origine, Français d’adoption, rattaché à l’empire par bien des liens, il avait su tout concilier avec la dignité aisée d’un galant homme. Il s’était toujours souvenu de sa patrie natale, il avait servi la France dans les postes les plus élevés, notamment comme ministre des affaires étrangères à l’époque de la guerre d’Orient, et il était pour le second empire un ami dévoué avec clairvoyance. Il passait pour avoir été en certaines occasions dans ces dernières années un conseiller discret et intelligent de libéralisme. C’était le meilleur service qu’il put rendre à l’empire, et c’était pour lui la meilleure manière de sortir de la vie que de laisser en disparaissant ce dernier souvenir.

ch. de mazade.




Gymnase : Fanny Lear. — Théatre-Français : À deux de jeu.

Les théâtres ne sont pas en bonne veine. Les ouvrages nouveaux qu’ils hasardent végètent à peine quelques jours et tombent sous une indifférence méritée. Dans la plupart, on chercherait en vain les élémens d’une situation nouvelle, d’un caractère original. On est donc porté par comparaison à l’indulgence pour les pièces qui parviennent en ces périodes de famine à défrayer tant bien que mal l’intérêt des spectateurs. Ceux-ci se montrent d’ailleurs d’assez bonne composition. Étant peu gâtés, ils sont plus faciles. Parmi ces pièces à moitié bonnes, Fanny Lear brille