Page:Revue des Deux Mondes - 1868 - tome 77.djvu/936

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
QUESTION DE L’OR

I.
DÉPRÉCIATION DE LA MONNAIE.

La question de la monnaie est de nouveau à l’ordre du jour; elle avait déjà été soulevée quelque temps après la découverte des placers de la Californie et de l’Australie, alors qu’on vit le rendement excessif obtenu par l’extraction de l’or. Au bout de quelques années en effet, ces placers produisaient chacun 3 ou 400 millions de francs, soit 700 millions pour les deux. La plus grande partie de cet or était exportée et pénétrait dans les grands centres commerciaux, aux États-Unis, en Angleterre et en France. Il n’y avait rien eu de semblable depuis trois siècles, depuis la découverte des fameuses mines d’argent du Mexique et du Pérou. Avant 1848, la production des métaux précieux dans le monde entier pouvait être de 400 à 450 millions, et encore avait-elle à peu près doublé depuis le commencement du siècle par suite de l’exploitation de nouveaux gisemens aurifères de la Russie. Et voilà que tout à coup, en quelques années, on passe de 450 millions à une production de 11 à 1,200 millions. On comprend qu’on se soit ému d’un tel état de choses, et qu’on en ait cherché les conséquences économiques. On s’est demandé surtout si l’or, qui devenait si abondant, n’allait pas perdre de sa valeur, et s’il ne serait pas sage d’aviser aux moyens de se